Gide, André, Lettre, 1898

Type de document
Lettre
Cote
IV(4)-03-08-n
Description

Lettre d’André Gide à Eugène Rouart, de [janvier ? 1898, 3 feuillets ms. dont 2 R/V.

Détails

Auteur(s)
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Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Lettre mise sous la rubrique Eugène Rouart, car un papillon, joint, nous l’indique. Cette lettre a dû participer à une exposition. Elle évoque l’affaire Dreyfus au moment où Zola publie son fameux « J’accuse » dans L’Aurore. D’abord elle nous livre les sentiments de Gide qui professe un dreyfusisme presque contraint alors que l’opinion de son correspondant semble marquer, à travers cette missive, un antidreyfusisme certain, sinon radical. D’ailleurs, s’il trouve cette « lettre terrible », Gide n’en convient pas moins que le « "gouvernement" [les guillemets sont de l’écrivain] a commis la plus terrible, la plus irréparable des fautes en ne faisant pas acte, dès le début, de la plus grande autorité possible ». Or si ces mesures « énergiques » étaient prises, elles « ne serviraient qu’à mettre toutes les noblesses de caractère du côté des persécutés, car, dès lors, ce seraient des persécutés, de leur côté tous les enthousiasmes ; ce serait leur donner historiquement le beau rôle ». S’il reproche à son ami de parler de ces choses trop passionnément, Gide avoue derechef qu’il est quasi impossible de n’y mettre cette passion. Aussi rejette-t-il le soupçon que [Rouart] fait peser sur Marcel Drouin qui aurait signé une « protestation », sous la pression des Halévy. Ce fut spontanément, proteste-il, en soulignant le mot et lui-même, du reste, l’eût fait, s’il n’avait subi sa pression. Gide ajoute qu’il veut bien que « Drumont ait raison contre Zola, mais c’est fâcheux alors que cela ne le rende pas plus éloquent, et que sa Lettre [à lui Drumont] soit étriquée, maladroite, vilaine et dissonante ; celle de Zola est admirable ». Y aurait-il « complot, trahison, traquenard », la conduite "de »ceux qu’on attaque ici est plus belle que celle de ceux qui attaquent ». Gide approuve ce que le correspondant écrit sur la France ; c’est même, précise-t-il, « terriblement juste ». Toutefois, ajoute-t-il, « c’est une chose lamentable,... si ce qui doit sauver la France prend des allures d’infamie ».

Crédits

Fondation Catherine Gide