Gide, André, Lettre, 1929

Herbland-Morin est un jeune homme de vingt ans, qui vient de réussir au baccalauréat. Ses parents voudraient qu’il fasse carrière dans la médecine, le commerce ou la banque. Le signataire, sensible et de tempérament affectif, est terrifié à l’idée de se vouer à des métiers qu’il sait ne pas correspondre à sa nature profonde. Il a déjà un peu tâté de l’écriture, et c’est là qu’il croit pouvoir s’accomplir. Cependant il est pleine confusion et il demande à Gide de le conseiller, voire de le guider. Dans sa réponse, Gide l’adjure, « par pitié, de ne pas se lancer dans la littérature » s’il n’est pas mû « par une impulsion véritablement irrésistible ». Au contraire de ce que pense son correspondant, l’écrivain trouve judicieux le conseil de ses parents : « [une] instruction supérieure ne sera-t-elle pas d’un grand profit » [?] ; et s’il s’excuse de son avis « si vague », Gide, qui dit ne pas savoir si le jeune homme aurait les moyens de se consacrer entièrement à une vocation d’écrivain, voudrait qu’à tout le moins ce dernier vît dans son message « un témoignage de [son] attention et de [sa] sympathie ». Herbland-Morin répond quelques jours plus tard [voir plus bas] en le remerciant vivement de son conseil dont il a tenu compte puisqu’il s’est inscrit en année préparatoire de médecine.