Lettre à André Gide, du 7 juillet 1931, envoyée de Beyrouth, Liban, « 1, avenue Perthuis », 4 feuillets ms.
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Dans cette très longue lettre, Émile Dana dit à l’envi l’amour qu’il éprouve envers Gide. Et si lui, Gide, écrivait au « lointain petit garçon » qui « pleure parfois la nuit à cause de [lui] », et si « la mère du petit garçon, mélodramatiquement, [lui] écrivait, que d’encres ! », que se passerait-il [?] Lui, il confesse, au « cher », au « grand ami », [qu’il] l’aime. Il ressasse longuement les raisons pour lesquelles il croit son amour toujours intense : parce que Gide est « grand » et « tellement humain », parce qu’il a « écrit Paludes », « à cause de [son] regard froid, de [ses] petits yeux, de [sa] bleue cravate, de [sa] grande taille », parce que c’est Gide, parce qu’enfin. « [ils ont] souffert l’un par l’autre ». Ah combien il aimerait que l’écriture « lui fasse sauter le cœur dans [sa] poitrine ». Récemment, feuilletant une anthologie des poètes contemporains, il est tombé sur cette phrase de Gide qui l’a laissé songeur : « Assumer le plus possible d’humanité, voilà la bonne formule ». Qu’entend l’écrivain [?] Lui, par contre, sait cette chose : lorsqu’on parle de Gide, qu’on prétend l’avoir lu, il éprouve quelque chose « de sanguinaire ». Et lorsqu’il prête un de ses livres, choisi à l’avance, il aimerait « qu’on le [lui] rendît les larmes aux yeux ». Et si Gide se persuadait enfin « qu’il l’aime » ?
Fondation Catherine Gide