Lettre d’André Gide à Saul Colin, du 2 août [19]47, envoyée de Paris, « 1bis, rue Vaneau, Paris 7e », sans signature autographe, 1 feuillet dactylographié
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Détails
Dans sa lettre du 29 mai 1947, Colin s’excuse d’écrire en anglais, faute de trouver une secrétaire qui pût frapper correctement ; du reste, il est sûr que Gide maîtrise l’anglais. Il n’a pas reçu le manuscrit espéré du Procès. Dans la compagnie de la New School for Social Reseach, on est enchanté que Gide ait accepté de se faire jouer. Il donne, ensuite, des informations sur les raisons et les buts de ladite compagnie. Ses performances sont dues surtout à la présence d’Erwin Piscator à la direction dont « le génie » rehausse le « talent » des acteurs. Il en vient à la partie plus matérielle des choses, en communiquant les prix offerts en tant que droits d’auteurs et souligne qu’un succès à New York signifie de considérables revenus. Ensuite, il aimerait savoir à quel niveau se situe la collaboration avec Jean-Louis Barrault ; celle-ci serait-elle solidaire si devait être négociée une éventuelle adaptation du texte au cinéma [?] Il aimerait, par ailleurs, être fixé sur les intentions d’un voyage aux États-Unis, pour une série de conférences, à New York et à Los-Angeles. Il pense donner à Thorton Wilder le soin de traduire, en anglais, ladite adaptation. À la fin de sa missive, Colin prend des nouvelles de Jean Wahl qu’il dit avoir sauvé d’un camp pendant la guerre. Il croit savoir que Gide connaît bien sa femme. Et il aimerait « incidentally » avoir davantage d’informations en ce qui la concerne. Ce qui l’amène à penser ceci : « It is amazing to think that he [Wahl] found happiness at such a late age ». Quant à lui, Colin, il vient d’achever une « short novel » qu’il vient d’écrire en hommage à Gide et D. H. Lawrence. Suit une lettre datée de juin, un mois plus tard, écrite, elle, à la main, ce qui lui pose un cas de « torture physique et mentale ». Il charge un « jeune écrivain américain, Bernard Frechtman […], un homme très intéressant, cultivé, curieux et fin » que Gide aurait déjà rencontré, à la lui porter et il attend Le Procès, fût-ce « dans une forme non définitive si le manuscrit n’est pas prêt ». Le 25 juillet, Colin, cette fois, se dit « inquiet du silence [de Gide] ». Depuis son « câble du 13 mai » et leur « émouvante conversation téléphonique » il n’a pas eu « de réponse à ses lettres ». C’est Piscator qui attend anxieusement l’adaptation en question. Or celle-ci est annoncée dans « [leur] programme de l’année prochaine ». Du reste, Colin se fait « une joie de venir à Paris pour la première » et il espère que Jean-Louis Barrault daignera lui communiquer des « détails sur la production ». Il revient sur le voyage de Gide aux États-Unis et se demande s’il s’effectuera en cours d’année [?] Le 2 août, Gide justifie son silence : il s’est « enfui de Paris pour pouvoir travailler tranquillement achever d’établir le texte du Procès. C’est chose faite ». Barrault, « mis au courant » apporte sa « cordiale approbation » mais que Colin sache que sa compagnie devant « faire une tournée très importante » en commençant par l’Amérique, « Barrault tient à réserver la primeur de la présentation du Procès ». Il en résulte qu’il exige « un engagement de monter [celui-ci] à New York que passé le mois de février 48 ». C’est à cette condition [approuvée par Colin et Piscator] que lui, Gide, adressera le texte de sa pièce.
Fondation Catherine Gide