Enveloppe de Tokyo
Les carnets Gide 01/03

Japon

JAPON : un pays dans lequel André Gide ne s'est jamais rendu. Un pays avec lequel il entretient pourtant des liens forts, ou plutôt, qui entretient avec son écriture un lien inattendu. Nous allons pour ce Carnet lire la correspondance entre Gide et des japonais(es), regarder l'adaptation de La Symphonie pastorale (田園交響曲), s'intéressant à la question des échanges et des traductions.

Illustration. Instantanés gidiens

Caroline DONATI

« J'ai eu, récemment, l'occasion de relire Les Nourritures terrestres. Je suis vraiment tenté de lui dire quelle force j'ai puisée à chaque page de son livre, quelle débordante passion mystique s'en dégageait à l'égard de la nature et de la vie. [...] Ce magnifique livre a été pour eux un nouvel Évangile. Outre la leçon de “l'esprit critique”, dont je viens de parler, il ne faut pas oublier que Gide nous a appris “la spontanéité et la liberté de la passion” », notait Kyo Komatz en 1939 (« Mes premières rencontres avec André Gide », France-Japon, no 46). Caroline Donati fait partie de ces lectrices en qui les Nourritures terrestres ont également résonné comme un appel à se mettre à l'écoute du monde.

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Je sens que je suis, encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

« Je sens que je suis… » Ici, je suis juge et partie. Comment ici me tromperais-je ?
André Gide, Les Nouvelles Nourritures, Premier livre. 

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Peintre recréateur, encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

Image de mon parfait bonheur, j’étale ici, peintre recréateur, la couleur la plus tremblante et la plus vive.
André Gide, Les Nourritures terrestres, Premier livre.

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Je t’écoute, encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

La brise vagabonde a caressé les fleurs. Je t’écoute de tout mon cœur.
André Gide, Les Nouvelles Nourritures, Premier livre.

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L’Or vert de Blidah. I – II – III, encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

Blidah
Les tiges énormes du fenouil (l’éclat de leur floraison d’or verdi, sous la lumière d’or ou sous les feuilles azurées des eucalyptus immobiles) ce matin de premier été, sur la route que nous suivions dans le Sahel, elles étaient d’une splendeur incomparable. Et les eucalyptus étonnés ou tranquilles.

André Gide, Les Nourritures terrestres, Troisième Livre.

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« En ta plus petite poussière », encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

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« Une totalité de l’univers », encre sur papier, 21 x 29,7 cm, 2022.

Je t’aurais passionnément aimé, désert de sable.
Ah ! que ta plus petite poussière redise en son seul lieu une totalité de l’univers !
André Gide, Les Nourritures terrestres, Septième Livre

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Caroline Donati est basée à Bâle, en Suisse. Diplômée de la Visual Art School Basel où elle enseigne désormais, elle a travaillé pendant 20 ans comme journaliste indépendante sur le Moyen-Orient. Elle a vécu en Syrie et au Liban. Elle a reçu le soutien de la Fondation Catherine Gide pour son projet « Instantanés Gidiens : voyage sensoriel dans les Nourritures terrestres et les Nouvelles nourritures ». Portée par la force vibratoire des couleurs et du monde des plantes, elle explore les filiations minérales, végétales et humaines dans leurs traductions littéraires et artistiques.