Ducrocq, Paul Jean, Lettre, 1930

Type de document
Lettre
Cote
H-06-p
Description

Lettre à André Gide, [très longue et très confuse], du 20 septembre 1930, sur papier à en-tête de « Grand café Hôtel du Commerce à Arras, rue Gambetta », 5 feuillets ms. R/V.

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Manuscrit
Notes

Dans sa première lettre, Jean-Paul Ducroq qui n’a lu de Gide que son Corydon, lui adresse ses confessions à la veille de se marier. À l’âge de 16 ans il a été « violé » par un homme de 26, et, durant l’acte, il a éprouvé du plaisir. Depuis, il est devenu homosexuel. Il a connu des amours ardentes mais décevantes sur la durée. Il a finalement décidé, lucide quant à son vrai désir, raisonnable quant à son souhait de fonder un foyer, de se marier avec une femme, « mince et délurée », quelque peu androgyne et la moins féminine possible. La seconde missive, deux ans après, nous apprend que le correspondant, en fait, est toujours en quête de mariage. Ses parents tiennent un commerce et souhaitent de le voir « casé ». Or, il avoue qu’il ne sait même pas comment s’y prendre pour consommer l’amour charnel avec une femme. Il craint que, vieillissant, ses plaisirs voluptueux avec les hommes, ne décroissent. D’André Gide, dont il a ajouté à sa panoplie littéraire le « Dindicki », il mentionne aussi le recueil de contributions à l’hommage publié aux Éditions du Capitole, « sur Japon », et « L’Amour qui n’ose pas dire son nom » de François Porché, il attend un conseil et il l’adjure de lui écrire. La troisième missive, du 16 du même mois, laisse entendre qu’on le menace d’internement [hôpital psychiatrique ?]. Il rêve de s’expatrier ; mais l’idée qu’on le marie à une femme est une idée obsédante ; une lettre du mois d’avril, n’est pas présente dans cette collection ; Ducrocq en fait mention, puisqu’il se réfère à une réponse de Gide qui, elle aussi, n’est pas dans cette collection. Un scandale aurait éclaté entre-temps, concernant ses « vices ». Son père, boucher, chez qui il travaille, a étouffé l’affaire. Le voilà en quête de départ. Il désire s’exiler en Afrique coloniale ou à Madagascar. Gide peut-il l’aider [?] Il fournit d’autres informations ; il a 25 ans, « les os durs », et réformé « à cause de varices et tuyautages ». La dernière missive informe qu’il a été convoqué pour « cette maison de fous » vers midi. Il a donc d’abord écrit un brouillon, qu’il désirerait recopier, mais comme il est 10h 1/2, il estime qu’il n’aura jamais le temps et il envoie son texte tel quel à l’écrivain ; des phrases comme « un agent est encore venu » reviennent à plusieurs reprises. Les mots inachevés et l’ensemble témoignent d’une très grande souffrance psychique. Bien qu’elles fourmillent de fautes d’orthographe et de contresens grammaticaux, ces missives sont celles d’un homme dont la culture générale n’est pas médiocre, ni les aspirations d’ailleurs.

Crédits

Fondation Catherine Gide