Gallimard, Gaston, Lettre, 1939

Type de document
Lettre
Cote
II(2)-057/RV
Description

Lettre à André Gide, du 13 novembre [19] 39, sur papier portant sigle de la « NRF », 3 feuillets ms. R/V.

Archive non numérisée – en savoir plus

Détails

Auteur(s)
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Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Cette très longue lettre de Gallimard laisse entrevoir, en filigrane, le branle-bas, à la veille de la guerre. Depuis septembre, l’éditeur se dit débordé. C’est que les archives de la NRF ont été transférées et « mises en lieu sûr ». Les services ont été installés à Mirande, dans le département de la Manche, « afin d’éviter la réquisition de la maison de [son] frère ». Il dénonce les voix discordantes. Ainsi celle de Copeau, telle qu’elle s’est manifestée dans Le Figaro, avec son article « Le Rire des Guerriers ». Il ajoute : « Quelle gêne de penser qu’il est un ami ! ». À Mirande, département frontalier, des contraintes sont imposées et il a fallu entreprendre « plusieurs démarches à la préfecture maritime de Cherbourg, pour obtenir la faculté de correspondre téléphoniquement avec quelques correspondants du [Commissariat à] l’Information, Hachette, imprimeurs, etc. ». C’est ce qui explique, dit-il, qu’il ait laissé Gide sans nouvelles, d’autant plus qu’il avait scrupule à faire dicter cette lettre. Après avoir raconté les difficultés de mise à jour des comptes, surtout après la mobilisation des collaborateurs essentiels de la maison, il lui indique, qu’au 30 juin, son compte était créditeur de 15 549 frs, en partie couvert par des avances. Cependant, il ajoute : « Mais vous n’avez qu’à me dire ce que vous attendez de la NRF Soyez certain que je m’efforcerai de vous satisfaire ». Ensuite vient un long développement sur les ventes du Journal, paru en Pléiade. Gide, qui est à Nice, ne sait pas où en sont les ventes. peut-être a-t-il estimé, si l’on en juge la réponse de son éditeur, qu’il est épuisé. Gallimard avoue un incident chez l’imprimeur dû à un dégât des eaux. De sorte qu’il a fallu retirer plusieurs feuilles et démobiliser un ouvrier-relieur en vertu de l’effort de propagande, puisque, précise-t-il, 60% des ventes de la collection de la Pléiade s’effectuent hors du territoire métropolitain. En tout cas, à l’heure où Gallimard écrit, les ventes sont arrêtées à un peu plus de 3500 exemplaires, un nouvel état des ventes sera établi en fin d’année. Il est question, en outre, d’une proposition de Gide, concernant son Anthologie de la poésie française. Celui-ci suggérait que fût publiée parallèlement à celle prévue en Pléiade une édition à bon marché. Gallimard s’en remet à la décision de Schiffrin, encore qu’il pointe l’inconvénient de publier deux anthologies qui laisseraient l’impression fâcheuse, chez les acquéreurs, que l’une est provisoire et l’autre définitive.. Où l’on apprend que l’Épilogue des Thibault de Roger Martin du Gard est sur le point de sortir. Schlumberger était d’avis qu’il ne fallût pas le soumettre à la censure, alors que, lui, Gallimard, n’y vît point un désavantage de principe. Là aussi, l’éditeur laisse la décision à Martin du Gard et à Schlumberger. On apprend, par ailleurs, que le manuscrit d’un certain Pierre de Bréville n’a pas été retenu. Gallimard donne enfin des nouvelles de « Claude et de Michel ». Ce dernier, son neveu est fiancé à une jeune anglaise, mais pour se marier, il faudrait en demander l’approbation aux autorités militaires. Si Gide devait passer par Paris, Gallimard lui demande de l’en avertir afin qu’il fasse coïncider un de ses déplacements dans la capitale avec sa présence.

Crédits

Fondation Catherine Gide