Gide, André, Lettre, 1928

Type de document
Lettre
Cote
B-13-n
Description

Lettre d’André Gide à Angel Flores, du 21 novembre 1928, envoyée de Cuverville, 3 feuillets dactylographiés dont 2 R/V sans signature autographe [Papillon d’envoi en recommandé joint].

Archive non numérisée – en savoir plus

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

Dans la lettre du 7 novembre, Flores faisait état d’une « beautiful letter » de Gide qui n’est pas dans cette collection. Dans celle, très longue, 5 feuillets du 21, l’écrivain dit « [sourire] de tout [son] cœur au projet [d’essai sur Gide] de Flores » et il promet « d’y apporter toute l’aide possible ». Déjà il assure son correspondant de l’envoi des ouvrages qu’il demande et dont il n’a pas disposition en Amérique. Après quoi, Gide dit sa joie de lire ce qui y est dit de son Prométhée mal enchaîné, « petit livre, … fort peu remarqué [et qui réservera] aux lecteurs de demain d’assez agréables surprises » ; il fait état, brièvement, de la genèse d’écriture de cette œuvre. Il confirme, pour faire suite à quelques remarques de Flores être « un auteur difficile. Cela vient, [il] pense, beaucoup de ce que [son] souci dominant a été de demeurer le plus possible naturel » et, citant Degas, il ajoute : « À quel point, chacun de nous, dès sa jeunesse construit artificiellement son personnage, c’est ce qui [l’a] frappé de plus en plus, et ce [qu’il] a voulu éviter ». Faisant ensuite longuement référence à Montaigne, il le cite : « L’être véritable est le commencement d’une grande vertu », et « c’est ce [qu’il] voudrait inscrire au fronton de [son] œuvre et de toute [sa] vie ». Après quoi il fait état des études qui ont paru sur son œuvre et annonce la sortie prochaine d’un ouvrage de François-Paul Alibert, « sans doute le meilleur » du genre, « mais [qu’il] ne connaît pas encore, non plus qu’un livre de Pierre-Quint, où [il] s’attend à n’être pas fort bien compris ; un troisième, énorme, [qu’il] a pu lire en manuscrit, par un des esprits les plus subtils de notre temps, où [il] est certes fort bien compris, mais qui, se plaçant, dans la seconde partie du moins, écrite après conversion au point de vue catholique, n’a d’autre souci que de [le] combattre, de [le] nier, d’expliquer pourquoi il ne peut [l’]admettre ». Ces mots visent Charles Du Bos. Et Gide d’annoncer à son correspondant l’envoi « d’un petit volume de René Lalou, qui ne fait que reproduire la préface qu’il avait donnée pour une édition de luxe de [son] Dostoievsky ; c’est, il [lui] semble, une des meilleures études écrites sur [lui] ». Or, ajoute Gide plus loin, « les articles et études qui [lui] sont venus d’Amérique sont considérablement meilleurs, plus perspicaces, plus équitables, plus intelligents que les meilleurs parus en France ». Il se l’explique par le fait « qu’en France, les critiques […] ont affaire à une idée préconçue, fût-ce pour lutter contre cette idée [qu’il] a laissé lentement s’établir, par horreur des protestations ». Aussi garde-t-il à l’Amérique « une profonde reconnaissance […] pour avoir si bien [le] découvrir ».

Crédits

Fondation Catherine Gide