Lettre d’André Gide à Émile Dana, sans mention du lieu d’envoi, du 21 juin 1929, 1 feuillet ms. R/V.
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Rentré à Paris la veille, « très anxieux de savoir si quelque lettre [du jeune Dana] l’attendait », Gide dit que, parmi l’abondant courrier accumulé en trois jours, il a d’emblée retiré le pli d’Émile. Il a lu cette lettre dans son lit « avant de tourner le commutateur ». Il s’en est suivi de l’insomnie. Gide dit sa crainte de se « laisser aller », d’écrire des « choses ridicules ». Que l’autre ne se méprenne pas « au ton de ses lettres ». Il avoue qu’il se « retient beaucoup ». Il fait « appel à toutes sortes de sentiments, de convenances » ; il se « redit : maxima pueris debatur revenlia, etc… etc… ». seulement une amitié comme celle que lui offre le jeune Constantinoplois, il l’a « trop désespérément souhaitée, pour n’en être pas bouleversé ». Gide avoue, néanmoins, que les précédentes lettres d’Émile avaient été « assommantes ». Aussi la dernière qu’il a lue la veille l’a « ravi ». Tout ce qui est dit d’une petite cousine est « exquis » Ah combien il « aimerait être près de [lui] ! ». Dana a parlé d’une « venue possible à Paris ». Mais « attendre trois mois, c’est bien long ». Gide souligne que Dana « ne [lui] dit pas ce [qu’il] pense faire cet été ». Ce qui le conduit à lui demander s’il est « impossible qu’il [le] rencontre » [?] Plus loin, Gide avoue être « terrifié » [souligné par lui] qu’Émile ait « remis [son] livre, le double exemplaire à [sa] sœur ! Que va-t-elle comprendre [?] Comment va-t-elle [le] juger [lui, Gide] [?] ». Or son père voyage avec elle… Et « si ce livre tombe entre [ses] mains [?] De quel œil voir [leur] correspondance » [?] Ne le défendra-t-on pas de [l’]approcher [?] Gide juge ce geste tout à fait imprudent et il s’inquiète de connaître l’âge de la demoiselle. Gide dit ne pas aimer « les cartes postales ; d’autant que tout le monde peut les lire ». Cependant les « extraordinaires cigarettes de harem [que Dana lui a envoyées l’ont] ravi ». Au demeurant, il n’a pas « besoin de les fumer pour penser [à lui] ; mais [il] les fume en pensant à [lui] tout de même ». En conclusion, ce cri : « ce ne sont pas des photographies [qu’il] voudrait envoyer, c’est [lui-même] ». Qu’Émile, [son] « petit ami » lui fasse « grand plaisir en oubliant [en lui] l’écrivain ». Lui, il le voudrait « tout proche » et il « [l’] embrasse fort ».
Fondation Catherine Gide