Lettre d’André Gide à Alfred Knopf, du 20 avril 1930, envoyée de Paris, 2 feuillets dactylographiés dont 1 R/V [existe dans le dossier en double exemplaire].
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Détails
M. Bradley, avec lequel il vient de s’entretenir, et partant pour l’Amérique, Mme Knopf aura de vive voix une vue d’ensemble relative à l’affaire de la rétribution du travail de Dorothy Bussy. C’est que « Madame Bussy a renvoyé à la N. R. F., le chèque de 5092,00 frs, 200$ équivalent à la somme qui lui avait été remise de [sa] part ». Elle dit ne pouvoir consentir à un arrangement qui laisse le problème pendant. Aussi s’en tient-elle « à la lettre signée de M. Knopf qui lui garantissait une somme, du reste inférieure à celle qui lui fut envoyée, mais laquelle n’a pas à être prise sur [les droits d’auteur à lui, Gide], souligné dans le texte ». Pour ce qui est de Robert, « il va sans dire qu’elle [la traduction] doit être l’objet d’une rémunération spéciale, en plus de celle promise par M. Knopf, pour la traduction de L'École des femmes ». Si la traduction « est presque achevée », Gide avertit son correspondant que la traductrice ne la lui enverra que si une rétribution complémentaire lui est assurée, « comme de juste ». Au demeurant, Gide ne souhaite pas une publication particulière pour Robert. « Le mieux serait d’attendre une réimpression de L'École des femmes et de donner ce Supplément dans le même volume, sous ce titre L'École des Femmes suivie de Robert ». Il ajoute que c’est ainsi que la Deutsche Verlags Anstalt a procédé et « de la façon la plus heureuse ». Revenant aux dernières publications, Gide avoue « déplorable » leur présentation. Il se pourrait « que ces absurdes illustrations, … servent à attirer certain public, mais ce public mondain et frivole, capable d’être séduit par elles n’est nullement celui qu’[il] souhaite et ces images, soit dans l’intérieur du livre, soit, comme pour L’Immoraliste, sur la couverture, sont susceptibles de fausser complètement l’opinion de la critique et du public. C’est, en effet, ce qui est arrivé ». Gide regrette qu’il n’ait été consulté à ce sujet. Il eût dit qu’il « souhaite l’aspect extérieur du livre le plus simple et le plus classique possible ; pour l’amour du ciel, évitons pour les livres suivants de pareilles erreurs ». Gide aimerait qu’on excuse sa franchise, car il « sent bien qu’ici [sa] réputation littéraire est en jeu ».
Fondation Catherine Gide