Gide, André, Lettre, 1945

Gide accuse réception de la lettre précédente au jour même dont il date à la sienne et espère que celle-ci « mettra moins de temps à [le] rejoindre ». S’il n’a pu recevoir un seul exemplaire de ses Interviews imaginaires, il a pu se rendre compte de l’excellence du volume dont un de ses amis dispose, et la seule réserve qu’il souligne tenant à l’emplacement de l’appendice figurant au début de l’ouvrage. Heureusement « la satisfaction domine et de beaucoup ». Quant à ses pages de Journal, il doit au préalable s’« informer à la poste ; et si possible par voie aérienne, pour plus de rapidité : ça coûtera ce que ça voudra ». Celles qu’il a publiées en tranches, d’abord dans L’Arche et en volume chez Charlot, édition à 6000 exemplaires « absorbée en huit jours », lui ont valu « un déchaînement d’attaques ». Les droits souscrits auprès de Charlot ne sont valables que pour l’Afrique du Nord, « ce qui laisse [à Maurice Blanc] un suffisant terrain de chasse pour l’édition [qu’il] pourra en donner ». Il s’inquiète de savoir ensuite si sa « collection d’écrits de 1937 à 42, inédits en volume et parus seulement dans diverses revues, dont certains importants et auquel [il] tient beaucoup » est parvenue en Suisse. Il suggère à l’éditeur de se mettre en contact avec Arnold Naville, « directeur, avec Monod, de la Société Financière d’Orient », « au courant de [ses] productions et ami dévoué » pour voir s’il ne dispose pas d’un jeu. Enfin il préfère, « jusqu’à nouvelle indication » de « garder en réserve » ses droits d’auteur en Suisse, « heureux de pouvoir compter sur une réserve de francs suisses ».