Gurian, Sorana, Lettre, 1947

Type de document
Lettre
Cote
VI(6)-01-a-28
Description

Lettre à André Gide, du 13 novembre 19[47], envoyée de Bucarest, Roumanie, « Romnicanu, 36 », 2 feuillets ms. R/V.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Sorana Gurian est une écrivaine qui a connu un éclatant succès, mais que la nouvelle Roumanie a discrédité. Lorsque « la radio de Paris a annoncé la nouvelle du Prix Nobel », elle a pleuré de joie. Car cette consécration privilégie un combattant, qui, à la surprise de ses confrères, est accusé de travailler « contre la démocratie ». Ce prix, elle estime que Gide était le premier à le mériter et elle ne se fait pas faute d’assurer que « pour certains [Roumains], la joie [ressentie est] sans mélange ». En Roumanie, ajoute-t-elle, Gide est « honni » et ses livres « décriés ». Ce retour de fortune est « de fraîche date » et « de bon ton... officiel ». Les écrivains, dans son pays sont « condamnés à suivre des directives optimistes, des "normatifs" politiques, à écrire pour le bonheur, ! des masses... et, à la moindre rebuffade, condamnés à mourir de faim ». N’a-t-elle pas été taxée de décadence, de gidisme, épithètes des plus nuisibles, les considérât-elle comme un « suprême éloge » [?] Que Gide pardonne ses « lamentations », son « gribouillage » ! Qu’il ne retienne « que ce qui est valable ». À la fin de son message, elle s’écrie : « Vive la France ! car sans elle..., il n’y aurait pas beaucoup de raisons d’espérer pour ce vieux continent ». Elle signe en tant que « lectrice et élève ». Cette lettre a dû émouvoir Gide qui la signale d’une croix ; il a relevé, de sa main, son adresse bucarestoise.

Crédits

Fondation Catherine Gide