Lettre à André Gide, du 22 février 1934, envoyée de Paris, « 23, rue de Tournon, Paris 6e », 2 feuillets dactylographiés avec signature autographe.
Détails
Alfred Kantorowicz informe Gide que vient de se créer, à Paris, un « Comité d’Initiative pour la Fondation d’une Bibliothèque des Livres Brûlés », en réaction, un an après, aux autodafés ordonnés par Gœbbels en mai 1933. Cette « bibliothèque doit comprendre tous les livres allemands qui, en Allemagne, ont été brûlés, confisqués et supprimés ; de G. E. Lessing […] à Heinrich Mann, de Henri Heine […] à Wassermann, de Marx […] à Staline, de Voltaire […] à André Gide ». Ladite bibliothèque réunira des bibliothèques de réfugiés allemands ; et au jour où il écrit à Gide, Kantorowiz affirme que vingt mille ouvrages sont déjà disponibles. Il s’agit des « œuvres principales du progrès intellectuel, de la science, de l’économie et de la littérature », notamment de celles qui furent « livrées aux flammes de la [barbarie] ». Cependant, aux côtés des auteurs « répudiés », devraient figurer les écrits nationaux-socialistes grâce auxquels on pourrait, parallèlement, « étudier et analyser le mouvement ». Kantorowicz adjure Gide d’être le président du Comité d’Honneur des amis français de ladite bibliothèque comme H. G. Wells a accepté de présider celui des amis britanniques. Il cite, parmi les membres sympathisants, Lévy-Bruhl, Gaston Gallimard, Lenorman, Hadamard, Bertrand Russell, John Strachey, Heinrich Mann, Lion Feuchtwanger, Joseph Roth, Theodor Plivier, Anna Seghers, Ernst Toller, Rudolf Olden, etc., etc. Au bas de la signature de Kantorowicz, Gide a porté à la main, ces lignes : « Dépêche : Accepte volontiers et avec mes remerciements ».
Fondation Catherine Gide
