Liouville, Jacques, Dr, Lettre, 1929

Liouville dirige, au Maroc, « toutes les recherches scientifiques qui concernent la Zoologie, la Botanique, la Géologie de l’Océan, ainsi que la Science météorologique du Protectorat ». Il écrit à Gide, en lui rappelant que, jadis, ils avaient été condisciples à l’École alsacienne ; cette lettre est néanmoins signée es-qualité : « Explorateur de l’Antartique, Correspondant du Muséum, du Ministère de l’Instruction Publique et de l’Académie des Sciences Coloniales, membre du Conseil International de la Recherche Scientifique, Lauréat de l’Institut ». Il a lu Corydon et apporte à l’appui des thèses de Gide sur l’homosexualité dans le règne animal, singulièrement chez les mammifères, une observation dans le cadre de son Institut. C’est ainsi qu’il « a été amené à [s’] occuper d’un cas biologique rare : l’appétit sexuel d’un taureau complètement détourné de sa destination normale par l’attrait qu’exerce sur ses sens un ânon. Depuis qu’ils se sont rencontrés, ces deux animaux mâles ne paraissent plus capables de s’intéresser à leurs femelles ». Liouville raconte en détail les scènes de séduction et de copulation de ces deux animaux et déplore qu’il ne dispose pas de moyens cinématographiques qui puissent authentifier ses allégations. C’est pourquoi il souhaite que Gide intervienne auprès de cette industrie afin qu’on « immortalise » des scènes assez rares. Enfin il est prêt à lui communiquer toutes observations scientifiques en sa possession pour enrichir celles qui ont déjà été décrites dans Corydon.