Lettre à André Gide, du 29 octobre [19]39, 2 feuillets dactylographiés, écrite en français, avec signature autographe, sur papier à en-tête « Mass und Wert, Zweimonatsschrift für freie deutsche Kultur/ Herausgegeben von Thomas Mann und Konrad Falk, Verlag Oprech Zürich, Rämistr. 5, Tel. 46.262 u. 42.795 », et au bas du feuillet : « Dr. oprecht & helbing ag. postschek : zürich viii 12244. wien b 198024. strassburg 26411 ».
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Détails
Dans un français parfait, le célèbre historien et fils de Thomas Mann, Golo, dit, d’emblée que « la revue, au nom de laquelle [il lui] écrit, n’est sans doute jamais tombée sous les yeux [de l’écrivain] ». Si elle existe « depuis deux ans », il n’espère pas moins en faire un organe d’une « certaine importance ». Or « l’état de guerre, inévitablement, comporte avec lui un rétrécissement général ». Certes, on est « courageux », mais aussi « énormément triste ». Ce qu’il souhaite, lui, c’est de donner accès à un « forum où l’on verrait, en dépit de tout, unis quelques noms de France, d’Angleterre et — ce à quoi [il] attache le plus d’importance — d’Amérique ». Il ne se fait pas « beaucoup d’illusion » sur « l’efficacité d’une telle entreprise littéraire et scientifique » notamment pour résoudre « les problèmes surhumains que l’avenir nous pose ». Il espère, pour le numéro de décembre, une contribution de Gide : « n’importe quoi ; les dernières pages de [son] Journal ; telle autre expression de [sa pensée] ». En tout cas, ce serait beau de l’y voir, « là », et, « non pas, comme tant de monde, désespéré de la parole et des choses ». Mass und Wert est, « il convient peut-être [de le] rappeler,... une revue suisse, dont l’un des fondateurs est un auteur suisse, et l’autre celui que [Gide] connaît ». Il donne ensuite des nouvelles de son père, « en ce moment en Amérique, Princeton University,... Klauss [s’y trouve] aussi ». D’ailleurs, ce dernier lui a promis une critique, Golo écrit « une revue » du Journal de Gide, pour le numéro de novembre. Lui, Golo, est « le dernier de [sa] famille [à demeurer] sur le vieux continent ». Et il achève sa lettre sur cette note enthousiaste : « Le monde est uni ; il n’y a plus de continents ».
Fondation Catherine Gide