Lettre à André Gide, du 9 juin [1929 ?, envoyée de « Constantinople », [Istamboul], Turquie, 4 feuillets ms. dont 3 R/V.
Détails
Gide a répondu à Alex Mordo. Pourtant celui-ci est « déçu ». Il ne s’agissait que d’une petite carte. Si tout au long de sa longue réponse, il ne cesse de récriminer contre ses « sottises », sa « stupidité », son « style » ingrat à qui, cependant, il trouve des circonstances atténuantes, dès lors qu’ils sont « vrais », l’adolescent espère que Gide ne se lassera pas et lui répondra plus longuement. Certes, sa déception va jusqu’à imputer à L’École des femmes qu’il vient de lire un ennui qu’il n’a pu dissiper, car le livre lui paraît trop différent de ceux que l’écrivain avait accoutumé. Régulièrement, il entretient son correspondant d’un désir de se confier sur un sujet spécifique. Mais il n’ose, tant, au fond, il a peur de se l’avouer. Il dit, du reste, qu’après avoir écrit sa lettre, il irait se promener à Istamboul et l’on comprend que c’est lié au secret qu’il a entrouvert. Il mène une vie monotone. Dans sa famille, il n’aime que son oncle, Robert Mayo, qui a prétendu avoir rencontré Gide chez un ami commun, le peintre Édouard Halouze, dont il dispose d’ailleurs de tableaux. Cela suffit à Mordo de rêver : ah pouvoir parler avec Gide !
Fondation Catherine Gide