Mordo, Alex, Lettre, 1931

Dans cette lettre Alex Mordo se livre suffisamment pour que nous comprenions que le « mystère » auquel il faisait allusion deux années auparavant, tient à sa vie sentimentale homosexuelle. On comprend également que Gide et Mordo se sont déjà rencontrés et qu’ils ont parlé de la passion de Gide pour le jeune Émile Dana, voir ce nom. Là où certains mots de Dana concernant son camarade étaient féroces, Mordo, au contraire, tout en imputant à charge une inconstance et un tempérament oscillant en permanence, avoue que l’amitié qu’il ressent pour Émile est l’une « des choses principales de [son] existence », voire même « ce qu’il y a de plus beau en [lui] ». Le reste de la lettre consiste en une confession sur un bonheur idéal et irréalisable qui, faute d’être concret, le laisse chaque fois anéanti. Il est débordant de tendresse et, par principe, les aventures qu’il recherche, ne lui permettent pas de l’épancher. Il le sait et cependant il ne s’empêche pas d’aller dans la rue et de revenir chez lui empli de « dégoût et [de] désespoir ». Mordo demande à Gide d’excuser le caractère confidentiel de son écrit. Il précise à la fin que les épreuves du baccalauréat devraient débuter dans deux semaines...