Chronique du 10 juillet 1955, signée Denis Peyrat, intitulée « Que sont devenus les maîtres d’autrefois », 1 coupure de presse, 1 colonne.
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Denis Peyrat informe ses lecteurs que dans quelques jours l’on saura « à quel prix l’État et le tribunal estiment la gloire d’André Gide ». Il reprend l’un des angles de la stratégie de défense menée par Maurice Garçon, savoir la fragilité de ladite gloire. Il cite ceux parmi les écrivains qui furent des valeurs de leur vivant et sont tombés dans l’oubli total sinon quasi total une fois morts. Encore que « le cas Gide, comme le cas inverse de Proust ne saurait prouver quoi que ce soit en la matière ». Un livre d’Émile Henriot, Maîtres d’hier et contemporains, Albin Michel, pointe les fluctuations du goût du public. « Combien de gens en 1955, achètent, lisent ou relisent Paul Bourget ? Et pourtant il fut le maître incontesté du roman français. Où sont ses disciples aujourd’hui ? ». Peyrat, citant toujours Henriot, rappelle le cas d’Anatole France, dissous « dans quelle poussière de gloire », celui d’Élémir Bourges dont le nom n’est plus prononcé, ou encore « le Grand Meaulnes dont la pieuse publicité d’Isabelle Rivière, tenta, avec l’aide de quelques-uns, de faire un chef-d’œuvre [qui se] lézarde de toutes parts », diagnostic qui date à vrai dire, ces trois auteurs continuant à êtres lus à l’orée de l’an 2000, France étant passé au statut de classique majeur. Or si « au sommet de leur gloire [celle des écrivains], les Finances étaient intervenues, quel piètre revenu glisserait entre les doigts de leurs héritiers. Que le fisc touche des droits sur les droits d’auteur, c’est justice, mais qu’il ne se mêle pas d’élever d’onéreuses statues devant qui, demain, nul se découvrira ».
Fondation Catherine Gide