Lettre à André Gide, du 11 novembre [19]18, lieu d’envoi non précisé sur la missive, mais l’enveloppe d’accompagnement situe l’expédition au Lavandou, 2 feuillets ms. dont 1 R/V.
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Schlumberger reprend les éléments d’une conversation tenue avec Gide et les développe. Cette lettre nous renseigne sur la genèse et l’enfance de la NRF. « Je conviens », dit Schlumberger, « que de fâcheuses erreurs ont été commises », et si le caractère de Gaston Gallimard présente « certaines lacunes », il demeure que le catalogue est ample : aucun des livres publiés, notamment pendant la guerre, n’avait d’intérêt factuel. Et c’est pourquoi « il ne faut pas mettre sur le compte de Gallimard tout ce dont d’innombrables ennemis s’ingénient à lui faire grief. J’ignore quelle plaintes précises Valéry a pu formuler ». Et il rassure Gide sur le cas de Valéry : « Je me demande si entre lui et la NRF le malentendu est si grand que tu le penses ». Et de défendre Gallimard même en supposant que lesdits griefs fussent justifiés. N’a-t-il mené les affaires « avec fermeté » et « esprit d’initiative ». Ne pas oublier, surtout, « qu’il a mis dans les éditions tout ce qu’il possédait », notamment le temps consacré pour la bonne marche de l’entreprise. Schlumberger considère que les rapports de Gide « avec la maison sont placés sur un mauvais pied » [sic]. Il suggère à au destinataire de moins incliner à « contenter tout le monde ». Une affaire « qui grossit commercialement » conduit forcément à moins d’intimité avec les auteurs. « Il est absurde que la vie [de Gide] soit compliquée avec des petites difficultés de cet ordre ». Et si le rôle de l’écrivain dans la direction de l’affaire doit être prépondérant, il n’en demeure pas moins que « les explications incomplètes et gênées [avec Gallimard] accumulent les malentendus ». Tel est le contenu de cette missive, au jour de l’armistice. D’ailleurs Schlumberger prévoit sa prochaine libération, « une circulaire de Clémenceau [semblant] promettre la libération de la classe 1897 pour la mi-février ».
Fondation Catherine Gide