Sheng, Cheng-Hua, Lettre, 1939

Sheng raconte les péripéties de son départ de France, après que fut donné l’ordre d’évacuation, les difficultés à trouver un bateau en partance pour l’Extrême-Orient, les « oscillations » comme il dit du trajet, la lenteur de la navigation due à l’excès de surcharge du bâtiment, les mesures draconiennes de sécurité afin d’éviter toute reconnaissance, la nuit, par crainte d’un bombardement, les escales à Port Saïd, Colombo, Singapour, et les approches des côtes chinoises. Ce que Sheng regrette surtout c’est de n’avoir pu revoir Gide. Il lui dit combien il fut heureux toutes ces années au cours desquelles il avait pu s’entretenir avec lui, ce sera, il en est certain, le plus précieux de ses souvenirs français. Mais, ce qu’il souhaite, surtout, c’est de recevoir l’édition du Journal dans la Pléiade, ainsi que Gide le lui avait promis expressément ; et il insiste tant que ce texte il semble y tenir comme à la prunelle de ses yeux ; il demande qu’il le lui soit adressé via la concession française de Shangaï.