Gide, André, Lettre, 1928

Un récépissé d’envoi en recommandé portant cachet postal du 6 décembre 1928 prouve que Gide a renvoyé le paquet de lettres que son correspondant lui avait adressées et qui avait été l’enjeu de cet échange. Dans son premier courrier, Gaston Legrand présentait à Gide « ses respectueuses félicitations pour le courage qu’il a montré en osant publier Corydon ». C’est à ce titre qu’il lui écrit pour « demander conseil en lui communiquant des lettres d’un ancien élève, ami de la famille ». Dans sa réponse du 26, Gide remercie son correspondant de sa « marque de confiance ». Les lettres dont il lui parle l’intéresseront. Quant aux « conseil[s] », il dit combien, « en cette matière » […] et combien plus qu’en une autre, il est particulièrement pénible de tâtonner dans les ténèbres" » Par conseils, en fait, Gaston Legrand visait quelque liste d’auteurs qui évoquent l’homosexualité en termes neutres ou positifs. C’est ce qu’il explique dans sa réponse du 30 novembre, ci-bas détaillée. Il s’agit de les communiquer à un jeune ami qui eut, autrefois, un penchant pour lui, non réalisé et à qui il a fait connaître quelqu’un avec lequel il serait possible d’assouvir cette inclination. Cependant, ce jeune ami vit très mal son désir et même la lecture commentée de Corydon n’a pas suffi. Lisant très peu, Legrand pense que d’autres éclairages pourraient apaiser les tensions du jeune homme et c’est en ce sens qu’il s’est adressé à Gide. Il conclut que les deux jeunes amants ignorent cette correspondance et l’ignoreront.