Gide, André, Lettre, 1928

Cette longue lettre manuscrite est entièrement consacrée à Joseph Kessel. Gide remercie Gallimard de lui « avoir permis de lire avant sa publication » le nouveau texte de cet auteur. S’agit-il de Belle de Jour ou du Tour du malheur [?] C’est, en tout cas, « un terrible livre dont l’angoisse vous étreint bien vite et ne vous lâche pas, et persiste longtemps après qu’on l’ait fermé ». Et il ajoute, ce qui donne à penser que l’ouvrage en question relèverait de la première hypothèse, « que cette dissociation du plaisir charnel et des émotions affectives, assez fréquente et toujours possible chez l’homme, est extrêmement rare chez les femmes, Dieu merci ! ! ». Après l’analyse qu’il développe longuement, Gide raconte qu’il « lui revient que Madame Kessel est assez souffrante ». Il l’a appris en Suisse, par quelques amis. Leurs paroles ont éveillé en lui « une très vive sympathie ». Il suggère à Gallimard d’en dire mot à Kessel, afin « qu’un écho de cette sympathie lui parvienne », car lui même ne connaît « que trop peu Kessel pour lui en parler directement ».