Lettre à André Gide, du 6 juin [19]16, lieu d’envoi non précisé sur la missive, 2 feuillets ms. R/V.
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Détails
Cette lettre de Schlumberger aborde trois sujets : les collaborateurs de La Nouvelle Revue française, voir Pilon Edmond, le conflit avec l’Allemagne, tandis que la guerre fait rage sur tous les fronts et Walt Whitman. Schlumberger juge « maladroites » les listes de collaborateurs. Elle désoblige ceux qui ont quelque réputation et blessent ceux « de second ordre » en « ne citant que les premiers ». Il estime la revue désormais « adulte » pour se passer désormais du concours des derniers et se réfère aux méthodes des industriels. Il cite à ce propos la campagne de publicité, avant-guerre, des chocolats Meunier. — L’Allemagne occupe le second sujet que Schlumberger aborde. La contradiction des intérêts et la violence des armes lui fait écrire : « Il importe que l’on traduise les ouvrages allemands sur la métallurgie et la chimie, parce que nous pouvons en profiter ; mais nous ne faisons que donner une satisfaction à l’orgueil teuton lorsque nous faisons connaître un Dehmel ou un George ». De sorte que les relations cordiales entre les intelligentias française et allemandes avant 1914, n’était que « du chloroforme pour nous assoupir ». — Traduire Whitman et le faire aimer, en ces temps de guerre, le choque. La France lui semble trop blessée pour lui présenter un poète qui suggère, par les thématiques de sa poétique, une « défense de nos intérêts sentimentaux », d’une « joie amoureuse » qu’il pense « indécente » tandis que tout doit être coordonné afin de ne pas rompre « l’union sacrée ».
Fondation Catherine Gide