Gide, André, Lettre, 1927

Type de document
Lettre
Cote
R-05-l
Description

Lettre d’André Gide à « Monsieur », non datée et lieu d’envoi non indiqué, [le texte indiquant toutefois qu’il s’agit d’un droit de réponse à la suite d’une attaque contre lui dans Le Temps], 10 feuillets ms.

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Détails

Auteur(s)
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Type de texte
Manuscrit
Notes

Gide réagit à un long article paru dans Le Temps. Il rappelle « qu’il n’est pas dans [ses] habitudes de répondre aux critiques ou aux attaques » et s’il décide de le faire, c’est que les questions soulevées l’imposent. Le « littérateur » s’efface pour ne laisser parler que « le témoin désintéressé ». Cette lettre fait partie du dossier consacré à son voyage en Afrique et aux répercussions de ses livres, Voyage au Congo et Retour du Tchad. Aussi l’écrivain admet-il qu’il est « beaucoup plus prudent de se taire ». Combien parmi ceux qui ont osé rompre le pacte de silence n’ont-ils vu leur « carrière brisée » ? S’il peut « dire long là-dessus », Gide estime qu’il « n’apprendra rien à personne ». Si la cause est entendue, tout devant demeurer « d’intérêt local », il ne saurait, lui, passer outre ; voici pourquoi il a tenté de dire et d’expliquer les choses « avec une suffisante clarté dans [sa] relation de voyage ». Il rappelle qu’étant enfant, il avait « pu voir la région d’Irigay se laisser enlever par le Danemark, le commerce du beurre et des œufs dans certains pays [mis sous tutelle], uniquement pour des raisons d’empaquetage ». Bref, aujourd’hui, « trop rares sont les voyageurs tentés d’aller [en Afrique], trop rares, ceux qui, y voyageant, sont à même de voir ». Gide évoque la question des porteurs exploités à travers savanes et forêts. Ne voulait-on, ne veut-on qu’il se taise « au sujet de la Compagnie Forestière ? ». Or, note-t-il, les « compagnies [coloniales] sont si puissantes qu’elle savent tenir notre administration en respect » au point que cette dernière « ne peut rien ou que de très peu de choses contre elles ». Gide ferraille, point par point, à propos des arguments qui lui ont été opposés par Le Temps, qu’il s’agisse « d’un chef noir "plusieurs fois condamné pour trafic d’esclaves et autres exactions" », du « commerce de l’A. E. F. », notamment au Gabon. Et il revient sur les grandes compagnies, dont il n’a pas eu à se plaindre personnellement. Ainsi, « les agents de la C.F.S.O. ont toujours été charmants pour [lui] » et leurs « directeurs de Paris,... ont été fort aimables ». Il lui « en coûtait beaucoup de passer outre », mais il était de son strict devoir de forcer ses « sentiments personnels ».

Crédits

Fondation Catherine Gide