Envoi par le consul de France à Cluj, Roumanie, une traduction d’un article paru, dans l’organe communiste de la ville, Lupta Ardealului, 4 feuillets dactylographiés
Détails
Titrant « Le Prix Nobel et la triste manifestation des réactionnaires suédois », le journal roumain s’en prend aux choix des jurés qui ont attribué leur prix « au vieux et décadent écrivain français, André Gide ». Qui a-t-on récompensé sinon, « une certaine renommée dans le genre scandaleux ». L’article qui n’est pas signé, en veut pour preuve l’attitude de Gide durant la guerre et la publication de son Journal « document formidable où un cynisme extrême se marie à la lâcheté, et celle-ci à l’infamie, d’un esthète raffiné, habile à s’adapter aux circonstances ». Le journal jette l’anathème sur un Gide qui « s’humiliait devant Hitler [et qui trouvait] des paroles en faveur des collaborateurs qui trahissaient le peuple français ». Le journal rappelle que « vers la fin 1943, l’Assemblée Constituante adopta une motion du délégué corse, A. Giovanni, en faveur de l’arrestation immédiate de l’écrivain pour insulte au peuple français. Mais André Gide ne fut pas arrêté, les autorités gaullistes d’Afrique du Nord l’ayant défendu ». Après avoir fait la liste des prestigieux manquants au palmarès des Nobels littéraires, le journal conclut que l’Académie Royale de Suède est une institution qui « encourage de toutes les façons la tendance réactionnaire dans l’art ».
Fondation Catherine Gide