Anonyme(s), Lettre, 1933

Cette lettre est parvenue à Gide, par voie détournée : un ami de l’écrivain Kurt Hiller attire l’attention sur son cas ; militant de la paix et de l’Europe, parlant au nom de ses principes, Hiller a été arrêté et jeté en prison de Spandau, sans avoir été livré, auparavant, à la justice. On ne sait pour quelle raison exacte le régime hitlérien l’a incarcéré, mais l’expéditeur croit que c’est pour « délit d’opinion ». Il craint qu’on ne transfère Hiller dans un camp de concentration et c’est la raison pour laquelle il en appelle à l’intervention de Gide en vertu de sa notoriété et de son combat « contre le fascisme ». Il croit à l’action que mènent des hommes célèbres. Il décrit la situation désastreuse de la mère de Hiller qui vivait grâce à lui et qui, à plus de soixante-dix ans, se retrouve sans le sou et démunie, d’autant que des nazis ont fait irruption dans l’appartement en le saccageant et en y dérobant des objets. La lettre de Hiller, envoyée de Prague, trois ans plus tard, montre que son élargissement a été obtenu. La lettre ne mentionne bien sûr ni le nom ni l’adresse de l’expéditeur qui a chargé une personne sûre, devant se rendre en Italie, de la faire acheminer vers la France.