Jugement, en anglais, du 24 janvier 1936, rendu au nom du Peuple de New York, par Nathan D. Perlman, Président — entête de « City Magistrates’ Court of the City of New York, Seven District, Borough of Manhattan », 11 feuillets dactylographiés
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En vertu du chef d’accusation de vente « d’ouvrages obscènes, lascifs, indécents ou immondes », article 1141 du Code américain de procédure pénale est déposée plainte par un citoyen de New York, John S. Summer, Attorney for New York Society for the Suppression of the Vice, prosécuting for the People contre le livre d’André Gide, paru aux États-Unis, en traduction anglaise, Si le Grain ne meurt, If It Die [Random House éditeur]. Dans ses attendus, le magistrat présidant le Tribunal appelé à juger l’affaire, Nathan D. Perlman, signale « qu’il a lu l’ouvrage en question très attentivement ». Il souligne que l’auteur est, selon The Columbia Encyclopedia « l’un des romanciers français contemporains les plus en vue ». C’est ainsi que la London Royal Society of Literature, désirant renouveler le fauteuil qu’elle avait attribué à Anatole France, a, à l’unanimité, élu Gide au même siège. Information que le magistrat tire du livre de Léon-Pierre Quint, André Gide, sa vie et son œuvre. En conclusion le juge Perlman signale que « beaucoup de grands livres ont un profil diabolique ». Or, précise-t-il, si l’on faisait droit à la requête du plaignant, il serait porté atteinte à l’honnêteté du récit et laisserait accroire une thèse d’obscénité qui n’est pas fondée. Le jugement indique que Si le Grain ne meurt « n’est pas un livre obscène, lascif, indécent ». Pour ces raisons, le juge rejette la plainte et ne condamne pas la publication du livre.
Fondation Catherine Gide