Découverte de la villa Romaine en pays hyérois
9 juin 2019. Une rencontre à l’allure confidentielle est organisée boulevard d’Orient, au sein d’un des plus beaux quartiers de la ville de Hyères-les-Palmiers, afin de découvrir les trésors que recèle un remarquable jardin privé, dominé par une majestueuse demeure de style néoclassique dressée là, en 1880, par un banquier aixois, Jean Joeriman. Nous sommes à la villa Romaine.
Ce rendez-vous organisé dans le jardin de la villa Romaine se fait sous la houlette de l’architecte-paysagiste Damien Roger, chargé de sa rénovation. Si ce rendez-vous inattendu suscite pour le gidien une curiosité particulière, c’est parce que Damien Roger a fondé une agence qu’il a nommée Paludes*. S’il a fait le choix de ce substantif judicieux, ce n’est pas seulement parce qu’il cultive sa « collection botanique en marais berruyer », mais parce qu’il désirait faire un clin d’œil au Paludes de Gide.
Damien Roger a présenté avec enthousiasme ce jardin exceptionnel par sa situation, et sa composition. Baigné par une lumière naturelle, étagé, cloisonné sur plusieurs niveaux, il offre au regard mascarons, alcôves d’extérieurs ornementées de fresques, fontaines, grands miroirs recouverts de dessins, statues à l’antique. Lieu de magnificence, ce jardin dont la piscine s’étire sur six longs mètres est bordé de jeux d’eau qui s’élèvent à l’arrivée du promeneur. Le jardin de la villa Romaine reçut, à l’instar du jardin de la villa Noailles, la riche société bourgeoise de la Belle-Époque, d’André Gide à Édith Warthon, de Charles et Marie-Laure de Noailles à Christian Dior et Karl Lagerfeld.
Directeur du Centre d’Art de la villa Noailles et de la villa Romaine, Jean-Pierre Blanc partage sa passion pour ce lieu. Il met à disposition des visiteurs l’album photos de Jean Joeriman, qui permet d’observer la vie familiale et mondaine qui se déroulait dans ce jardin d’agrément, aux longilignes cyprès et cactus géants dont la cime ploie sous leur poids. Si ce jardin composé d’essences méditerranéennes et exotiques aux multiples perspectives est en passe d’être réhabilité, c’est pour tenter de lui redonner son lustre d’antan, car la destinée de la villa Romaine est de devenir à la fois espace de conservation du patrimoine contemporain de la villa Noailles, et maison d’études et d’artistes en résidence. Cela, après avoir reçu artistes-écrivains, artistes-peintres, et maîtres de la haute couture.
Ainsi, les rencontres organisées en avril dernier à la pépinière de Mulhouse, et en ce mois de juin à Hyères-les-palmiers dans les jardins de la villa Romaine ont-elles su, par un heureux détour, rendre vie à la nature, et à Gide.