Lettre à André Gide du 1er novembre [1945], envoyée de Paris, « 3e Médecine, Hôpital militaire Vuillemin, 10, rue des Recollets, Xe », 2 feuillets ms. R/V.
Détails
Nous apprenons, de ces lettres, que leur signataire a été mis aux arrêts de rigueur, en raison d’actes qui ne sont pas précisés. Souffrant et déprimé, l’aspirant Blondet a été transféré dans un service de santé à l’hôpital militaire Vuillemin. Il redoute son « réencellulement » et demande instamment à Gide, qu’il dit admirer, d’intervenir en sa faveur. Chaque lettre est l’occasion pour lui, de relancer le « maître », soit pour espérer que le silence de ce dernier n’est pas signe de désintérêt, soit pour suggérer un appui auprès du gouverneur général militaire de Paris. S’il dit ne regretter rien de ses agissements [affaire correctionnelle ou au contraire compromission politique [?], puisqu’il n’est pas dans son tempérament de suivre des « chemins tout tracés », il n’en est pas moins angoissé pour son avenir. Dans telle lettre il espère la visite de Gide pour rompre la solitude dans laquelle il se trouve, dans telle autre, voire pratiquement dans toute la correspondance réunie dans ce dossier, il harcèle son prestigieux destinataire de demandes d’aide. Il s’exprime verbeusement à propos de sentiments qu’il dit « subtils ». Gide a-t-il été sensible à l’expression de la souffrance et de la sensibilité certaine qui émane de cette collection [?] A-t-il rendu visite au détenu [?] Au verso de la lettre du 14 juin, il a noté que les heures de visite sont « mardi, jeudi et dimanche de 13 à 16 heures ». À la ligne suivante, il a ajouté « Sécurité militaire ». On apprend d’ailleurs par la lettre suivante, 14 juillet, que « le permis [de visite] doit être retiré aux Invalides, à la Prévôté ».
Fondation Catherine Gide