Gide, André, Lettre, 1924

Type de document
Lettre
Cote
F-06-b
Description

Lettre d’André Gide à Hermann de Cunsel, du 19 juin 19[24], sans précision du lieu d’envoi.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Cette lettre adressée par Gide au dit correspondant, a été recopiée par tiers [sur] 3 feuillets ms. Herman de Cunsel est le jeune ami de René Michelet [voir ce nom]. Dans sa lettre à Gide, le Belge fait le projet de quitter le foyer familial qu’il ne supporte plus. Au cours d’un accès de révolte, il a confié à sa mère qu’il a une liaison avec un homme et lui en a donné les preuves en lui communiquant une correspondance qu’il pense compromettante, puisque dans une de ses missives, il avait écrit : « Je crache au visage de mes parents et avec plaisir ! Je les exècre, je me révolte, etc., etc. ». Il a eu la surprise de voir sa mère réagir plus par ironie qu’avec colère. Elle l’a encouragé à quitter son foyer, mais seulement lors de sa majorité. Lui, il veut quitter sa maison dès à présent « afin que s’accomplisse le rêve qui [l’]obsède ». Il veut mener « une vie palpitante, déréglée ». Dans sa réponse, Gide se présente « comme un grand frère » et considère les projets d’Hermann « absurdes » ; il ne peut les approuver. Il lui rappelle qu’il est « des révoltes admirables », mais celle du jeune homme ne lui semble point en ressortir. Au bout de celle qui le taraude, il ne prévoit qu’une « atroce déconvenue ». Qu’il connaisse « à peine » Herman ne l’empêche pas de « [l’] aimer déjà et [de] n’avoir pu [le] lire sans une véritable angoisse ». Il lui dit qu’il est « à un âge où [il] peut encore beaucoup apprendre et il [le] sent assez intelligent pour comprendre que jamais par la suite, [il] ne retrouvera le temps [qu’il] gaspille si follement ». Mais surtout, il l’adjure de ne pas exécuter son coup de tête, car il risquerait d’en faire retomber les difficultés sur René [Michelet]. « On accusera [celui-ci] d’avoir eu [sur l’adolescent] une déplorable influence, parce que bien peu de personnes sont capables de comprendre le secret que, [lui Gide], va lui [confier] : dans une amitié d’aîné à plus jeune, comme celle qui [les] lie […], c’est toujours, c’est presque toujours le plus jeune qui influence l’aîné. Pourquoi [?] Ô parce que l’aîné cherche à plaire au jeune et se soumet à lui, et par crainte de le mécontenter, se montre plein d’acquiescement, d’indulgence… ». Gide est pressé : il doit « quitter Paris dans une heure ». Ah s’il pouvait « [le] voir, [lui] parler, [il le] convaincrait, [il en est] sûr ». Il espère qu’Herman aura au moins la « patience de lire la présente lettre jusqu’au bout ». Certes, « quand on est jeune, on croit volontiers que les parents, les aimés ne nous comprennent pas, dès qu’ils nous désapprouvent ». Mais, conclut Gide, « à ce qui nous instruit, on préfère ce qui nous flatte ». « Est-ce "au revoir" [qu’il] doit dire [?] ou adieu [?] ». Gide supplie le jeune homme de le « rassurer ».

Crédits

Fondation Catherine Gide