Gide, André, Lettre, 1929

Type de document
Lettre
Cote
B-10-d
Description

Lettre d’André Gide à Arnold Bennett, du 8 mars 1929, envoyée de Paris, 3 feuillets dactylographiés sans signature autographe, avec un récépissé d’envoi recommandé portant cachet postal du même jour.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

Gide se décide d’écrire à Arnold Bennett pour lui demander « amicalement et fraternellement un petit service ». C’est que, souligne-t-il, il lui arrive « une aventure on ne peut plus ennuyeuse ; empoisonnante vraiment et susceptible de blesser profondément une personne qui [lui] est chère : la sœur de Lytton Strachey, Dorothée Simon Bussy ». C’est que la maison Knopf, de New York, « réquisitionne de hautes autorités anglaises pour tâcher de [lui] ouvrir les yeux et de [le] persuader enfin que les traductions de Mme Bussy sont des plus médiocres, pleines de mésinterprétations et d’impropriétés, bref, inadmissibles et susceptibles de causer aussi bien à l’éditeur qu’à [lui] même un réel préjudice ». Gide continue de défendre Mme Bussy dont il loue l’extrême culture, son goût littéraire, la conscience avec laquelle elle acquitte son travail. C’est au nom de la confiance que Gide place en Bennett qu’il lui demande de lui « consentir quelques instants pour examiner d’un peu près un petit morceau de son travail ». Ce n’est point « pour y découvrir des erreurs » mais pour juger le « ton général, le rythme, le tour des phrases ». Si tout cela « est naturel » ou « sent la traduction, la gêne, l’effort ». Rappelant qu’il avait passé au Congo « tant d’heures" » pour « revoir la traduction de Old Wives Tale, [opérée par] Marcel de Coppet », il espère que Bennett ne trouvera pas « trop indiscret » qu’il lui demande de « bien vouloir jouer ici le rôle d’arbitre ». Il est sûr que son autorité « en imposera peut-être à la maison Knopf ». Si « par malheur » l’écrivain anglais donnerait « en toute bonne foi, … raison aux accusateurs", Gide en acceptera le verdict, "si douloureux qu’il puisse être", même s’il sait que cette condamnation désolera son "excellente amie". Que Knopf argue de lui réserver "une dizaine de traducteurs zélés, consciencieux, infiniment plus capables que Mme Bussy », lui Gide, ne se « laisse pas si facilement persuader ». Il profite du même courrier pour lui adresser la traduction anglaise des Faux-monnayeurs, signée Bussy. Gide déplore qu’après un si long silence, il a « honte à [lui] écrire [une] lettre si délibérément intéressée ». En post scriptum, Gide enjoint son ami à lire Colline de Giono. Il espère le voir, cet été, à Pontigny où se réuniront entre autres, Mauriac, Martin du Gard…

Crédits

Fondation Catherine Gide