Gide, André, Lettre, 1934

Type de document
Lettre
Cote
H-03-b
Description

Lettre d’André Gide du 4 mai 1934, 1 feuillet dactylographié R/V, en double exemplaire, sans signature autographe.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

André Hagège est un juif tunisien, issu d’une famille aisée, qui fait à Paris, des études de médecine. Il aime sa famille qui le lui rend bien mais à qui il ne peut se résoudre d’avouer ses très nets penchants homosexuels. S’il est allé au bordel, pour s’apercevoir qu’il pouvait pratiquer l’acte de pénétration ; s’il a fréquenté quelques dancings pour tenter de se fiancer à une fille de son âge et de sa condition, il n’a pu que se confirmer la force et la violence de son inclination. La mort d’un frère, à Tunis, a failli l’enraciner, de nouveau, dans le milieu familial, le père espérant qu’il occupe la place du défunt dans une affaire qu’il dirige, une société de courtage en assurance. Se rendant compte qu’il y périrait d’ennui et de désespoir, surtout en raison des projets « normaux » qui viendraient couronner l’activité vers laquelle on souhaite le voir se tourner, il décide de reprendre ses cours à Paris. Sur les bancs de l’amphithéâtre et au cours des séances de dissection, il a remarqué qu’un jeune homme s’intéressait à lui par goût sexuel réciproque. Écrivant à Gide, il lui dit qu’il se retient férocement d’y répondre. Il a lu Corydon. S’il s’est senti d’abord soulagé de constater qu’il n’était pas seul à éprouver les mêmes désirs, ses propres tensions l’ont rapidement réenvahi et c’est par un appel au secours qu’il conclut cette lettre. Gide répond qu’il a reçu « de nombreux aveux ; mais bien peu, mais aucun peut-être, qui présentent un caractère aussi simple et aussi authentiques […] ; et de plus admirablement écrits ». Cela l’engage à « demander l’autorisation de les faire figurer en appendice à quelques rééditions de "Corydon", en supprimant, il va sans dire et le nom propre et les quelques indications qui pourraient permettre l’identification ». En attendant leur rencontre que Gide souhaite fort, il communique son numéro de téléphone pour la semaine suivante, car il se doit d’être à Londres « auprès d’un ami qu’on vient d’opérer et qui semble à la dernière extrémité », l’écrivain le met en garde contre une « contrainte » qui deviendrait à la longue « intolérable », car « vaine [serait] la lutte contre d’irrépressibles instincts », et déboucherait « sur le désespoir ». Il lui rappelle que « les préjugés sur ce point sont si forts qu’il n’y a point à espérer de faire entendre raison ». Même si « dissimuler, […] abriter sa vie derrière une fausse apparence » conduit « au triomphe du mensonge et de la fausse opinion ».

Crédits

Fondation Catherine Gide