Gide, André, Lettre, 1945

Type de document
Lettre
Cote
Q-05-e
Description

Lettre d’André Gide à Paul Archambault, du 23 mai [19]45, sans lieu d’envoi, 5 feuillets dactylographiés sans signature autographe.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

Archambault a envoyé à Gide un texte consacré aux rapports qu’il a entretenus avec la religion chrétienne. L’ouvrage semble inachevé, car Gide dit que « la Dactylographie reçue s’arrête à "Constance de l’Inconstant". En le lisant, Gide s’est efforcé "d’oublier qu’il s’agissait de [lui]" ». Et, malgré ce détachement, il n’a pas « réussi à ne pas être extrêmement sensible à la sympathie qui transpire à travers les inévitables critiques ». Alors que des « sursauts de protestation » l’animaient, en lisant des textes de cette nature, ceux de Charles Du Bos ou de René Schwob, il a senti dans cette « longue étude,... un besoin d’équité » à laquelle il est « plus sensible qu’aux louanges, une droiture de jugement peu commune ». Il se trouve que Gide vient de recevoir une lettre de René Schwob [voir ce nom], et il se permet d’en retranscrire les termes, sous forme dactylographiée, et de les joindre à cette réponse. Il met en parallèle le caractère blessant de tels passages de Schwob et la « bienveillance,... du regard » d’Archambault. Ces derniers jours, raconte-t-il, ont été consacrés aux études de Mauriac sur Molière, Rousseau et Flaubert, études qu’au demeurant, il « préfère de beaucoup à ses romans » et, ce faisant, il « lui sait gré d’admettre que, sous couvert d’attaquer la "fausse religion", c’est aussi bien à la vraie que s’en prend Molière ». Aussi Gide se déclare se tenir « aujourd’hui, et depuis longtemps aux côtés de Molière, de sorte [qu’Archambault a eu] raison de [le] traiter en adversaire, si courtoisement [qu’il le fît] ». À ce billet déjà long, Gide joint ses notes de lecture qui s’articulent sur les deux feuillets suivants. Le plus important passage a trait ce qu’on eût fait de sa pensée s’il avait disparu « après la précédente guerre ». Il soupçonne a posteriori sa veuve « de tirer de Numquid et tu... le parti qu’Isabelle Rivière tira des écrits pieux de son mari, qui, lui aussi, se tourna véhémentement contre ses propres écrits par la suite, ce que la veuve se garda de laisser connaître ». Or, rappelle-t-il, « tout le Numquid et tu... de part en part, est écrit avec l’humilité d’une âme chrétienne et sans aucun souci de protection de [ses] propres fautes ». On peut, admet-il, simplement lui reprocher, de n’avoir pas prolongé « ce petit livre ». Il rappelle que Numquid et tu... a « marqué une étape et non l’aboutissement d’une vie ».

Crédits

Fondation Catherine Gide