Poujol, Joseph Olympe, Lettre, 1930

Type de document
Lettre
Cote
H-06-af
Description

Lettre à André Gide, du 23 février 1930, 1 feuillet ms. R/V.

Détails

Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Résumé de cette correspondance. Dans sa première lettre, non datée, Joseph Olympe Poujol, qui se présente comme un simple « paysan », et à la suite d’une lettre de Gide, sur les « faits divers » [voir cette rubrique], apporte ses observations, lui qui vit constamment, « au milieu des bêtes et des plantes ». Il disserte notamment sur le chat et son génie sensoriel, et, en particulier sur le sien, qui très attiré par les « subtiles odeurs de l’armoire entr’ouverte », deux feuillets entiers ; sur la vache et le taureau ; sur le cheval. La seconde lettre, datée du 23 mars 1927, très longue, fourmillant de détails et d’annotations pittoresques, répond à une lettre de Gide, dont le double ne figure pas dans cette collection ; il y est question, dit-il, de « l’esprit de luxure » dans la psychologie animale, mots que, d’ailleurs, il met entre guillemets ; il cite, pour exemple, les oiseaux, en particulier les poules et les pigeons ; le coq aurait des « mœurs violemment soldatesques » ; le pigeon, lui, laisse parfois sa femelle pour faire ménage avec un mâle. « L’amour [entre] pigeons mâles est un fait d’observation courante dans les pigeonniers importants » observe-t-il. Il évoque le comportement du paon femelle qui, d’abord, résiste au mâle mais qui, lorsqu’elle a été « rossée d’importance » flambe d’amour pour celui qu’elle avait d’abord dédaigné. Il parle du « baiser brûlant » des passereaux ; un « baiser vertigineux [les] fait choir sur le sol pour l’étreinte finale » ; baiser qu’affectionneraient singulièrement les pigeons et les serins mâles lorsqu’ils sont d’exclusive compagnie. Mais il est question aussi de la cour du lézard vert, « répandu dans ces contrées », du serpent « parfois enroulé au pied des souches » lors des vendanges. Il termine sa lettre en s’étendant sur les mœurs intimes des escargots qu’on « découvre [dans les jardins] souvent en coques jointes ». En conclusion, il croit pouvoir dire que « l’instinct de luxure chez l’animal va de pair avec ses instincts, des sentiments "nobles" ». Quant à l’attachement des bêtes, il est proverbial et il en donne maintes preuves : voici « un cheval qui tombe malade de la mort de son camarade, un chien ». Et qu’ajouter qui n’ait été déjà célébré sur « la fidèle tendresse d’un chien », sur la « précieuse ferveur d’un chat », quand ce ne serait trop appuyer sur « le plus beau de nos instincts : l’instinct religieux » qu’au dire de Joseph-Olympe Pujol, les bêtes partageraient sans complexe. En 1930, ledit paysan reprend la plume, et nous découvrons alors qu’il ne s’agit point d’un homme, mais d’une femme appartenant à une certaine classe où elle dépérit littéralement. Elle avait pris pour signature le patronyme et prénoms de son père, sous lesquels on repérerait ses abonnements à La Nouvelle Revue française. À la suite d’une maladie brutale, elle a dû connaître les épreuves d’une longue convalescence et c’est à la veille d’une décision qu’elle prétend cruciale pour sa liberté, c’est-à-dire l’affranchissement de ses liens avec ledit milieu, qu’elle s’adresse à Gide dont elle adjure l’aide financière et morale. Nous n’avons pas la réponse de l’écrivain, mais d’après la carte du 23 février 1930, il appert que Gide, relevé de maladie, a plutôt mal pris la confession de la signataire qui voyait sa vie suspendue à son aide. Mlle J. Poujol s’en excuse et comprend ce trait d’humeur ; elle demande la restitution de ses cahiers personnels, envoyés le jour de sa grande détresse et assure Gide de son admiration respectueuse.

Crédits

Fondation Catherine Gide