Radig, Wolfgang, Lettre, 1946

Type de document
Lettre
Cote
B-04-at
Description

Lettre à André Gide, du 25 août 1946, envoyée de Berlin, Allemagne, « W. 15, Kurfürstandamm, 30 », 1 feuillet ms.

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

Wolfgang Radig, ami des Mann, Thomas et, plus particulièrement Klaus et Erika, tenait une librairie d’avant-garde, sur le Kurfürstandamm, à Berlin, avant l’avènement du IIIe Reich. Un jour, Gide, accompagné de Mme R. de Margerie, y fit irruption, à la grande émotion du libraire, qui, du coup, perdit ses moyens et ne put trouver, sur ses rayons, les livres de Gide qu’il savait pourtant présents dans son fonds. Puis vinrent les années sombres, la guerre, et le service obligé en France où le soldat Radig, qui avait laissé à Berlin librairie, femme et enfant, servait en tant que responsable de la distribution du courrier à l’hôtel Majestic, quartier du Commandement des forces allemandes d’occupation en France. Lors de la Libération de Paris, il choisit de demeurer clandestinement en France et de ne pas rejoindre son unité, car il désirait exécuter enfin un vieux désir de bouter l’ennemi, les Nazis. Finalement, après s’être caché plusieurs jours à Neuilly, il se livre aux forces d’occupation américaines. Il fait la connaissance d’un officier qui connaît Thomas Mann et qui croit à la sincérité de ses arguments. Mais, à la suite d’un bombardement, Radig est remis aux autorités françaises qui l’internent dans un camp de prisonniers, à Poitiers. Il sombre dans le désespoir ; cependant, un jour, il décide de se rappeler au bon souvenir de Gide. Celui-ci répond et se montre serviable. Il a, sur place, deux amis, la comtesse de Lestrange, voir ce nom et de J. Iehl, voir ce nom. Grâce aux paquets de victuailles qu’on lui remet de leur part, il reprend courage. De son côté Gide lui envoie des livres. Finalement Radig sera interné jusqu’en août 1946. Gide, nous apprend-il, s’était inquiété de son sort, depuis Beyrouth où il y prononçait une allocution. La lettre que Radig adresse à l’écrivain, le 25 août 1946, depuis Berlin clôt ce dossier. On sent l’ancien prisonnier revenu à la vie ; le graphisme de son écriture s’est modifié. De celle serrée et tremblante du temps de sa captivité, nous passons à une autre, pleine et naturelle, probablement due à son retour dans sa patrie, un Berlin « assez changé, mais malgré sa dévastation, plus vif que pendant le cauchemar du nazisme ». Telles sont les lignes de force que nous pouvons dégager de cette correspondance.

Crédits

Fondation Catherine Gide