A. Rudolf, Raoul Laszlo, L. Charles, Lettre, 1939

Type de document
Lettre
Cote
G-08-z
Description

Lettre à André Gide, du 20 mai 1939, envoyée de Nice, « 27, avenue Thiers », 1 feuillet dactylographié R/V avec signature autographe

Détails

Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

D’après un papillon joint à ce dossier, le secrétariat de Gide nous apprend que cette adresse est celle de l’hôtel Rochambeau. Par lettre du 25 mars 1939, Laszlo, encore citoyen [ou résidant en] Tchécoslovaquie, bientôt réfugié, [voir aussi lettre infra, du 27 décembre 1937] écrit à Gide que « les consulats français ont des instructions de ne délivrer des visas que dans le cas d’une intervention faite à Paris par un citoyen de tout repos ». Il espère donc que Gide avec qui il a correspondu antérieurement, au dire de ce mot, pourra l’aider à obtenir ce précieux document. Le secrétariat de l’écrivain, signale, par mot, le 29 mars, à la suite de la signature de Lazslo, que Gide est absent et est sans adresse le concernant, mais qu’il fera suivre la demande dès que possible. La missive du 14 avril suivant, écrite de Paris, indique que Laszlo est dans « une situation juridique [des plus] incertaines et pourrait même devenir grave ». Or, « à peine échappé [des] griffes de la Gestapo », ne court-il pas « le risque d’une condamnation [en France] pour infraction à la loi sur le séjour des étrangers » [?] Il souhaite que Gide intervienne en sa faveur auprès des « instances compétentes ». Par lettres des 2 et 20 mai, Laszlo informe Gide que sa situation juridique s’est momentanément régularisée grâce à ses interventions, un certain M. Dubois [du ministère de l’Intérieur à Paris, nom rencontré dans l’affaire Quaeck, voir ce nom] ayant pu dénouer les résistances rencontrées auprès de la préfecture de Nice. Nous apprenons qu’en visée ultime c’est l’Angleterre que Laszlo cherche à atteindre, mais, là, les choses sont bloquées et ce en dépit des efforts de la famille Bussy, qui s’est entremise pour faire accélérer ce dossier. Cependant, quelques jours plus tard, le 23, une lettre de Maître H.-R. Narcy-Rosenthal [voir ce nom], avocat à Nice, à Gide, nous apprend que Laszlo a « été arrêté pour infraction à un arrêté d’expulsion ». Son client prie Gide « d’intervenir [afin qu’une nouvelle démarche fût tentée au ministère de l’Intérieur] en vue de la rétractation de cet arrêté », faute de quoi il « risque d’être condamné à une peine dont le minimum est de 6 mois, en vertu des nouveaux décrets-lois ». Cette lettre est indirectement appuyée par un message d’affolement d’une amie de Laszlo, Else Dreyfus [voir ce nom] qui narre longuement les tracas et l’arrestation de son ami. C’est une réfugiée allemande, « depuis cinq ans en France » journaliste de métier. Elle ne sait à quel saint se vouer, ne connaissant personne que Gide qui pût l’épauler pour que la peine d’emprisonnement dont est menacé le réfugié ne puisse être exécutée. Or l’arrestation est à mettre sur le compte d’un arrêté d’expulsion qui le visait six années auparavant et qui, singulièrement, aggrave ses torts puisque lorsqu’il avait demandé à Gide d’intervenir auprès de Dubois, du ministère de l’Intérieur, il s’était abstenu de l’indiquer, arrêté que l’intéressé peut d’autant moins passer sous silence, écrit Else Dreyfus, qu’il a été rapporté dans le livre qu’il a publié, Die Wiederentdeckung Europas. Nous ignorons les suites qui pu être données à cette affaire.

Crédits

Fondation Catherine Gide