Séchelles, R. D. de, Lettre, 1948

Type de document
Lettre
Cote
I-03-b-8
Description

Lettre-article à André Gide, du 27 janvier 1948, envoyée de Saint-Quay-Portrieux, Côtes du Nord, avec enveloppe d’envoi jointe, 8 feuillets ms.

Détails

Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Manuscrit
Notes

En exergue de ce document, intitulé « Le Faux-monnayeur », dans le premier coin supérieur de son écrit, R.-D. des Séchelles dit que son « article a été jugé un peu acerbe pour être livré au public ; je fais en sorte qu’il ait au moins un lecteur ». Et il s’agit, en effet, d’une attaque en règle de Gide dont « l’œuvre n’a été écrite que pour attirer l’attention sur son auteur ». À la suite de l’attribution du Prix Nobel et des commentaires que Gide a livrés à cette occasion, Séchelles note, en particulier : « Dès mon plus jeune âge, j’ai eu grand souci de la gloire ». Le correspondant s’en agace ; pour lui, cet « air d’ingénuité » a de quoi « lui rallier encore des sympathies ». Il ne considère les marques d’humilité de l’écrivain que comme une manifestation suprême de sa vanité. « Lorsqu’on relit la première partie de son Journal, il est facile de convaincre qu’il a voulu, dès sa jeunesse, être un "homme de Lettres" » Rien ne « paraît plus inquiétant et plus funeste » assène le signataire, qui ne voit dans le fameux style de Gide qu’une suite de procédés. Il dit : « Rappelons [que ce style] a comme particularité essentielle l’emploi du verbe à la fin de la phrase ; ceci est apparent à chacune de ses œuvres poétiques, mais n’est-ce pas inspiré de ce qui a lieu en allemand [?] L’effet auquel il parvient n’est d’ailleurs pas sans attrait ; mais c’est là exactement ce que l’on appelle un procédé ». De plus, « pour arriver à ses fins, M. Gide a cru pouvoir se servir — de manière toute particulière — de thèmes empruntés à l’Écriture » ; quant à ses théories sur l’homosexualité, « on peut y rester indifférent, mais il y a une chose qu’elles prouvent de manière évidente : c’est de la part de l’auteur un désir effréné de popularité ». De Séchelles martelle : « Qu’il s’agisse du fond ou de la forme, l’œuvre gidienne est donc essentiellement affaire de procédés ». Continuant dans cet esprit — non sans talent d’ailleurs —, de Séchelles s’emploie à débusquer les roueries de Gide et il conclut ainsi : « Malgré l’habileté de l’acteur, ne nous y trompons pas. M. Gide a pensé avant tout à sa propre gloire. C’est pourquoi il la mérite beaucoup moins qu’il ne veut bien le dire ». Nous ignorons si Gide a répondu, mais il a relevé, de sa main, l’adresse de son contempteur à la dernière page de cette très longue missive.

Crédits

Fondation Catherine Gide