Liste des publications sur Gide en 2017
André gide ou l’art de la fugue : musique et littérature, sous la direction de Pierre Thilloy et Greta Komur, Paris, Classiques Garnier, 2017, 242 p.
Dans cet ouvrage, le lecteur découvre l’univers musical de Gide et de son temps avec J.-S. Bach et son Art de la fugue, art de la variation, de la digression, de la forme. Cette évidence d’un monde caché dans l’écriture de Gide s’impose pour le compositeur P. Thilloy qui le souligne avec ses opus 159 et 207.
Gide ou l’identité en question, sous la direction de Jean-Michel Wittmann, Paris, Classiques Garnier, 2017, 342 p.
La question de l’identité traverse l’œuvre d’André Gide. Pour ce lecteur et ce voyageur infatigable, l’écriture ne constitue pas seulement le moyen de redéfinir sa propre identité : elle est aussi le lieu d’une incessante réflexion sur l’interaction entre la singularité individuelle et l’identité collective.
Ryo Morii, André Gide, une œuvre à l’épreuve de l’économie, Paris, Classique Garnier, « Bibliothèque gidienne, 2017.
Jean-Pierre Prévost, Gide et la Normandie, Préface de Pierre Masson , Paris, Orizons, 2017.
L’idée de parcourir la Normandie avec Gide, croisant la route des personnages ayant animé l’écriture gidienne, a donné naissance à un livre vivant, qui retrace l’histoire d’un écrivain à travers « ses » lieux, et permet d’éclairer des liens, de les créer aussi, entre les images d’archives, les articles de journaux reproduits, les documents qui suivent Gide sur près d’un siècle, du Prix du lycée d’Alençon en 1897 à l’exposition André Gide à Rouen en 1970. Le livre de Jean-Pierre Prévost est une invitation à découvrir à la fois un écrivain, un lieu, une époque, et ses proches. Pierre Masson préface l’ouvrage, en notant combien la Normandie s’avère importante dans l’itinéraire de l’écrivain, « terrain idéal [...] d’enracinement et d’évasion, telle qu’il la représente à plusieurs reprises par l’image du cerf-volant attaché à sa corde », tout en trouvant cette belle formule pour parler de « la Normandie où son passé continuait de vivre »...
Ouvrons une page au hasard, mettons le cap sur une destination inconnue : « Berneval sur Mer ». Nous voilà au printemps 1897, projetés tout pile (ou presque) 120 ans en arrière, le 19 juin :
« BERNEVAL SUR MER
C’est le 19 juin 1897 que Gide rend visite à Oscar Wilde à Berneval sur mer, petite station balnéaire située à une douzaine de kilomètres de Dieppe.
En mai, Wilde a été libéré des terribles geôles anglaises où il croupissait depuis deux ans, à la suite de sa condamnation pour homosexualité. [...] Il est rentré discrètement en France par bateau jusqu’à Dieppe, où vit son compatriote le peintre Walter Sickert, au sein d’une petite communauté d’artistes anglais. [...]
Gide va passer deux jours auprès de lui, un séjour éprouvant qu’il qualifiera même de déprimant tellement le bel Oscar est méconnaissable. »
Gide rapporte dans ses Prétextes :
« [Wilde] grelotte et tout l’hôtel s’agite pour lui faire chauffer un grog. À peine s’il m’a dit bonjour. Devant les autres tout au moins, il ne veut pas paraître ému. Et mon émotion presque aussitôt retombe, à trouver Sébastien Melmoth si simplement pareil à l’Oscar Wilde qu’il était ; non plus le lyrique forcené d’Algérie, mais le doux Wilde d’avant la crise ; et je me trouvais reporté non pas de deux ans, mais de quatre ou cinq ans en arrière ; même regard rompu, même rire amusé, même voix... »
Sous la direction de Robert Kopp et Peter Schnyder : Gide, Copeau, Schlumberger : L’art de la mise en scène, Paris, Gallimard, « Les Entretiens de la Fondation des Treilles / Les Cahiers de la NRF », 2017.
Avec des articles de : Serge Bourjea, Laurent Gayard, Patrick Kéchichian, Robert Kopp, Frank Lestringant, Michel Leymarie, Pierre Masson, Peter Schnyder, David H. Walker.
Avec la fondation de La NRF en 1909 et du Théâtre du Vieux-Colombier en 1913, André Gide, Jacques Copeau et Jean Schlumberger, œuvrant ensemble au renouveau de la littérature et du théâtre, n’ont cessé d’appliquer l’art de la mise en scène dans leur vie comme dans leur œuvre. « Le théâtre ne m’intéresse pas assez pour que je me donne vraiment de la peine », écrit pourtant Gide qui, bien que grand connaisseur du théâtre classique et admirateur de l’œuvre puissante de Claudel, demeure réticent à l’expérience de la représentation scénique. Le théâtre reste toutefois pour lui l’un des lieux où peut s’exposer le drame intime, s’adonnant ainsi à l’écriture dramatique avec Le Roi Candaule, Saül et un inachevé Curieux malavisé d’après Cervantès, et conversant avec son ami Jacques Copeau sur les questions de mise en scène et de jeu. Le Théâtre du Vieux-Colombier lui offre également, dans la lignée de La NRF, un lieu de rencontre avec le public. Conférences, lectures et matinées…
Jacques Roussillat, La « Petite Dame » d’André Gide, Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017, 264 p.
En 1977 parut le dernier volume des Cahiers de la Petite Dame, longue et minutieuse chronique entièrement consacrée à la vie d’André Gide. L’ouvrage fut, on s’en doute, très remarqué, mais on ne prêta guère attention à cette « Petite Dame ». On connaissait son nom, Maria Van Rysselberghe, on savait qu’elle était d’origine belge, mais rares furent ceux qui allèrent plus avant. Il faut bien admettre qu’en se rangeant dans l’orbite d’André Gide, elle avait pris le risque de connaître le sort des contemporains de Mozart ou des collaborateurs de Louis Pasteur, c’est-à-dire la relégation. Et c’est ce qu’il advint. Encore aujourd’hui on continue de préférer son surnom à son patronyme et dans les études gidiennes elle n’est citée qu’à propos de l’auteur des Caves du Vatican. Elle sert d’annuaire, d’index, de répertoire.
Marie Monnom, devenue Marie Van Rysselberghe par son mariage avec le peintre Théophile Van Rysselberghe, a d’abord été une femme rayonnante qui dès ses vingt ans a ouvert les bras à la vie. De nature passionnée, sensible, attirée par les arts, d’une grande exigence intellectuelle, elle parviendra à inscrire sa démarche dans la durée. Des hommes comme le peintre Edmond Cross, Émile Verhaeren, Roger Martin du Gard, Jean Schlumberger, l’homme de théâtre Jacques Copeau ont apprécié ses qualités et ses mérites, mais ce fut presque toujours en faisant référence à Gide. Seul Malraux, comme il le fera plus tard avec Louise de Vilmorin, lui attribuera dans sa préface des Cahiers le statut d’auteur à part entière.
Durant sa longue vie elle saura s’adapter, se faire accepter, se rendre indispensable, tout cela en se jouant des embûches, transformant l’obstacle en appui. Elle rencontrera la jalousie, l’opprobre et n’hésitera pas à faire souffrir pour être elle-même et pour aider les autres à être eux-mêmes. On la présente comme une amie, une confidente, ne faut-il pas plutôt la voir comme une amazone, vive, sentimentale, mais aussi tenace, audacieuse ?
En retraçant le fil de ses jours, dont quatre décennies furent vouées exclusivement à Gide, on révèle le portrait d’une femme qui fut fort en avance sur son époque. Bien des chapitres de sa vie font débat en ce début du XXIe siècle.
André Gide-Oscar Wilde. Deux immoralistes à la Belle époque, Paris, Orizons, 2016, 312 p. Prix Émile Faguet de l’Académie française 2017.
« Raconter la rencontre entre ces deux personnalités hors-normes, leurs affinités, avouées ou secrètes, littéraires ou humaines, l’influence profonde et durable exercée par Wilde sur Gide, avec ses multiples péripéties et rebondissements, est une aventure complexe qui s’apparente à une enquête de détective. »
Pierre Masson et Jean-Pierre Prévost ont relevé le défi d’écrire sur ces deux hommes (et deux œuvres) à travers un album accessible, richement illustré, conçu comme une invitation à redécouvrir une époque aux reflets contemporains : permissive et restrictive, lieu d’affirmation de la liberté et de sa négation.