Anonyme(s), Lettre, 1931

Type de document
Lettre
Cote
IV(4)-02-a-2
Description

Lettre à André Gide, d’octobre 1931, 6 feuillets dactylographiés

Détails

Auteur(s)
Expéditeur
Destinataire
Date
Type de texte
Dactylographie
Notes

Faute de pouvoir identifier exactement le signataire de cette longue lettre, nous la plaçons dans la rubrique « Anonymes ». Ce sont les impressions teintées d’amertume d’un administrateur français au Congo. Gide a-t-il fait dactylographier ladite lettre et celle-ci lui a t-elle été envoyée nominalement [?] Nous apprenons que le signataire est allé voir « le Directeur du Cabinet du ministre, Reste », sût-il que le fonctionnaire ne l’aimait point. Malheureusement l’audience avec le ministre des Colonies n’a pu se réaliser. Il doute que le ministre eût été attentif à son exposé, plutôt sévère, de la situation en Afrique. Mais qu’attendre d’un ministre qui se complaît « dans une griserie béate provoquée par les hyperboliques, les monstrueuses flatteries dont il se fait ou se laisse accabler » [?] Roger Martin du Gard, mis au fait, estime que « c’est un malheur ». C’est plutôt « regrettable » corrige le signataire qui avoue [un] « dédain gouailleur pour les administratifs, l’avancement, les décorations », bref, « pour ce qui constitue l’état d’âme, la raison d’être de tant de fonctionnaires ». Vient, ensuite, l’opinion peu amène qu’il professe à l’endroit d’Antonetti, Gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française, « qui prépare [pour l’AEF] un enterrement d’indigent ». L’administrateur nous apprend qu’« Antonetti a cherché à Coppet parfaitement innocent une querelle imbécile et odieuse ». Il regrette que Coppet n’ait, pour se défendre que « sa probité foncière, son souci de la mesure, sa distinction, son âme hautaine », toutes choses trop nobles pour être exposées là où, sur le terrain, sévit « un voyou ». Certes, il ne nie pas qu’Antonetti ait été « très intelligent », mais « moins impulsif, moins ignorant et plus modeste, il aurait pu être un grand chef ». Suit la narration du voyage qui a conduit le signataire de Fort-Lamy à Pointe Noire. Durant les années 1928-29, il avait servi au Moyen-Congo. Depuis, c’est « la faillite, faillite budgétaire, faillite des méthodes du Gouverneur Général ». Il dénonce vigoureusement les méthodes de mise en valeur de la colonie. Elle aurait dû « s’effectuer progressivement de la côte vers l’extérieur ». C’est qu’Antonetti « n’a pas osé s’élever contre un mode inventé par des farceurs déguisés en économistes ». Et si « les races différentes sont actuellement incapables d’entente, il n’en sera pas toujours ainsi,... [en sorte que] si le fardeau qui écrase les indigènes n’a pas été allégé, il sera prudent de faire des préparatifs de départ ». Le refus d’avaliser une politique qu’il estime ruineuse ne ramèneront pas le signataire au Congo ; il a la lucidité de le reconnaître. Il s’en séparera avec regrets, lui qui a consacré plusieurs années de sa vie à cette région. En tout cas, il n’entend pas « être au nombre de ses liquidateurs ».

Crédits

Fondation Catherine Gide