Traductions inédites par André Gide
Dans cette édition réalisée par Jean-Claude Perrier (Poésie/Gallimard, septembre 2012), avec le soutien de la Fondation Catherine Gide, nous retrouvons les traductions inédites d’André Gide d’après la version anglaise de Rabindranath Tagore, suivies du recueil intégral des Poèmes de Kabîr traduit par Henriette Mirabaud-Thorens.
L’opus est composé de vingt-deux poèmes de Kabîr, un tercet non identifié, et la traduction de 1922 d’Henriette Mirabaud-Thorens. On y trouve également les fac-similés des traductions gidiennes des poèmes XXI et XXXII.
Dans son introduction, Jean-Claude Perrier établit pour nous le chemin qui conduit : « [d]e Kabîr à Gide, en passant par Tagore », puis ajoute quelques notes sur cette édition due en partie au hasard. En effet, c’est dans le cadre de ses recherches pour André Gide ou La Tentation nomade que Perrier a découvert « dans les archives d’André Gide, sur lesquelles veille sa fille Catherine et où nous effectuions des recherches pour un autre chantier gidien, une mince chemise gris-bleu qui portait, en lettres capitales, la mention : “TRADUCTION DE POÈMES DE KABÎR DE R. TAGORE 22 ff. mss.” »
Ensuite, l’auteur propose une présentation brève, mais néanmoins essentielle de Kabîr : « Kabîr est illustre en Inde depuis cinq siècles, respecté voire vénéré par les Kabîr-Panthî […]. Sa vie nous est assez mal connue, et a fait l’objet de nombreuses légendes […]. Il était un tisserand, qui passa le plus clair de son temps dans son échoppe du vieux Bénarès. Son nom, qui signifie “Le Grand”, et sa caste semblent indiquer qu’il était un hindou shivaïte converti à l’Islam. Mais l’hypothèse est contestée par certains. » Ce qui reste incontestable, c’est la modernité de Kabîr, une modernité qui ne déplaît pas à Jean-Claude Perrier, dont nous avions pu être témoin de sa passion pour l’Inde.
Nous découvrons alors qu’il n’y a pas d’écrit de Kabîr, car son enseignement se voulait essentiellement oral, fait de « paroles, chansons ou poèmes ».
Le travail gidien présenté ici est inachevé, Gide « traduit les poèmes I et II, laisse le III incomplet, passe ensuite au IX, au XI, etc. Et ne va pas au-delà du XXXV. » Ajoutons enfin qu’il ne publiera pas ses traductions. L’ouvrage que nous avons donc entre les mains s’apparente plus à un « échantillon », une interprétation, mais dont il ne faudrait pas minimiser la portée, puisqu’il s’inscrit dans cette dynamique des « possibles » tant souhaitée par Gide.