Un billet d’humeur “sous d’autres cieux”

Ambre Philippe

 

5 octobre. 3es rencontres littéraires de Port-Cros

Human. « Un film sur l’amour », me répond Yann-Arthus Bertrand. Cette « niaiserie » (dit-il), se transforme en un film grandiose, « qui nous dépasse tous ». « Ce film est un miroir, c’est nous, c’est vous. » Et pourtant, c’est cet humain que nous regardons qui nous dépasse. J’aime ce film parce que la caméra y prend tant de recul (quand elle est précisément la plus capable de zoomer qu’il soit), qu’on peut s’y voir comme d’autres animaux, dont la particularité est justement de pouvoir appréhender, par la technique, le plus immense comme le plus microscopique. De pouvoir se regarder être des microns. 

Les images de Human capturent ce qui « est », ce frisson humain, cette émotion humaine, que rien ne peut réellement trahir malgré une évidente mise en scène. Le fond et la lumière sont toujours identiques, mais il y a des nuances dans le son, et ces mouches, qui nous rappellent sans cesse un hors cadre, un morceau de paysage qui vient se poser sur un visage. Human capture ce qui est avec un appareillage ultra sophistiqué (et puis l’œil des cadreurs, monteurs, etc.), mais elle s’efface ou s’oublie devant la possibilité de voir au cinéma ce que l’œil nu perçoit. Cette lentille est un outil de traduction. Qui d’autre que la technologie ou notre œil nu pourrait permettre de voir la Vie dans un arbre bolivien tracé par les routes du sel ? Les images ont coûté des millions, mais elles sont juste l’essentiel. Juste les yeux. Juste les rides. Juste les ombres d’un théâtre sur la scène infinie des dunes quand la caravane passe ; juste les mots, la voix, les accents et les tremblements – et puis cette musique, qui ne connaît pas les limites de l’écran tout en nous rappelant à notre état de spectateur, quand elle accompagne les bruits sourds d’une autre réalité – un foot sur la terre battue, une marche de soldats au pas...

Filmer l’humain, c’est aussi invariablement parler de guerre et de paix. « Je me suis rendu compte que l’homme faisait la guerre parce qu’il aime la guerre », dit Yann Arthus-Bertrand.

Quand j’ai vu ce film pour la première fois, j’étais seule, ensevelie sous des lectures sur le rapport de l’animal humain à l’animal non humain. J’ai autant pleuré la première fois que la seconde. J’ai reconnu mon humanité, ou ma vision de ce que devrait être la civilisation humaine, en José Mujica :

« Peu importe que je sois président. J’ai passé plus de dix ans seul dans un cachot, et 7 années sans ouvrir un livre avec beaucoup de temps pour penser. Et voilà ce que j’ai découvert : soit on est heureux avec peu de choses, sans trop s’encombrer — car le bonheur, on l’a en soi —, soit on n’arrive à rien. Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais l’apologie de la sobriété. »

Mais si j’ai pleuré la première fois en regardant Human, c’est parce que de voir un film sur les humains après m’être tant concentrée sur les animaux m’a fait les aimer de nouveau, avoir de nouveau confiance en eux. Pourquoi ? Parce que les humains souffrent, eux aussi. C’est sans doute idiot de dire ça. Mais les émotions ne cherchent pas à être intelligentes. Ma naïveté à moi, c’est de croire en l’Amour universel, sans distinction d’espèce. « Vous êtes comme Yann-Arthus Bertrand ? » nous demande François de Cabarrus à l’heure du choix du pique-nique dans sa superbe propriété de Port-Man. « C’est-à-dire ? » « Semi-végétariens… vous aimeriez être végétarien, mais n’y arrivez pas toujours. » 

La seconde fois où j’ai vu Human, j’ai de nouveau moins aimé les humains. Ces images vous submergent — c’est le pouvoir de la Beauté. Elles sont sensées, selon moi, nous émerveillant, nous réveiller. Mais à la fin de la séance, la première question du public est : « Et combien vous a coûté le film ? » Puis : « Mais la solution à tout ça c’est le contrôle des naissances ! Pas plus de trois enfants par couple, voilà tout. » — J’imagine bien que ce couple a précisément eu trois enfants. Yann Arthus-Bertrand sait bien, lui, que la solution est dans l’éducation : « une femme éduquée fait naturellement moins d’enfants ».

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À la pointe de l'Île, chez Yann Arthus Bertrand
À la pointe de l'Île, chez Yann Arthus-Bertrand
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Maquette PC
Maquette de Port Cros, détail.

6 octobre

9 h 15. Bateau. Épisode de la bouteille cassée non cassée (une dame fait tomber son sac, sa voisine lui dit que la bouteille est cassée, c’est le drame général et on en discute 20 minutes avant que quelqu’un décide d’ouvrir le sac et se rende compte que le rosé est intact, et que le sac n’était mouillé que parce que la bouteille, fraîche, suait).

10 h 30. Arrivée à l’hôtel. Le monsieur à la chemise à motifs refuse que l’on porte sa valise : « non non, je m’en occupe ». C’est le temps d’avant la rencontre. Pour l’instant, personne n’a encore de nom. Et les étiquettes s’accrochent aux vêtements, pas encore aux occupations.

10 h 45. Je prends en photo la dame qui prend en photo le Manoir. Elle est dehors. Je suis dedans.

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Manoir Port Clos

11 h. J’écris sur le film d’hier soir. (Noter les heures de cette façon me fait penser à une vidéo humouristique sur la chasse. Je me dis que je devrais penser à des trucs littéraires, mais je m’amuse de cette pensée à la place.)

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Bureau de la chambre

11 h 30. Il faut aller au rendez-vous. Accueil par Pierre Buffet. Champagne. Sauf pour moi qui n’aime pas ça. Il y a des animaux aux murs, singes et panthères. Des tomettes cassées. Pierre Buffet a quelque chose d’un homme de théâtre, ou plutôt d’un masque d’opéra asiatique. Oui, il a les traits d’un masque, et la voix déclamatoire. Peut-être me rappelle-t-il les masques mortuaires de Gide, qui ont longtemps occupé mon regard en triant les archives.

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Tomettes cassées

À ma gauche, on parle d’un enfant mort. En face, de littérature — le nom du roman m’échappe, comme un peu tout, d’ailleurs. Il n’y a que les arbres qui retiennent mon attention : l’écorce déchirée de l’eucalyptus, l’arbousier sculpté, les pins qui se torsadent. Je pense aux pains torsadés de la boulangerie de Carnoules. J’ai faim. Pourquoi n’ai-je rien pris à manger avec moi ? Sur l’île, il y a trois restaurants. Pièges culinairo-insulaires. Il y a une chienne magnifique, avec de longues pattes noires et une gueule massive. Mes chiens me manquent, surtout quand je suis dans des lieux privilégiés — bizarrement. Au cœur d’un espace naturel qui ne veut pas d’eux. Je comprends. Je vois déjà Django faire courir sa langue folle après les feuilles.

12 h 30. Baignade. Eau divine, salée, au cœur du silence et entre deux murets de pierres brunes. Intimité.

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Manoir Port Cros, piscine

13 h. Restaurant.

15 h. Claire Paulhan. L’île de Port-Cros, la discrète depuis des générations. Si elle n’était pas là, je ne percevrais pas les odeurs du passé sur lequel je viens superposer mon passage, le goût de l’histoire qui se transmet de génération en génération. À chaque photo, il y a des commentaires. Sur le papa, la grand-mère, la figure locale de l’île à telle époque. Sur la vraie date d’une photo en fonction de la construction. On parle d’écrivains et de naturalistes. On parle d’animaux, mais dans cette histoire, ils se retrouvent toujours capturés, épinglés dans des cadres, chassés ou utilisés. On les aime, aussi, puisqu’on les nomme : les ânes. Et puis les chiens — les chanceux. Il y a des poules sur les photos. J’apprends que les sangliers viennent à la nage du continent. Depuis cette année, le parc a décidé d’installer des cages : ils sont trop nombreux. Je ne comprendrais peut-être jamais comment on peut priver un papillon de ses heures de vol pour l’étudier, et pourtant je suis d’accord avec Arthus-Bertrand : le salut de l’homme, la paix n’est possible que s’il est en mesure de se mettre dans la peau de l’autre, son ennemi, son étranger. Un tueur de chiens, une mère de famille, un milliardaire, un terroriste, un éleveur. N’importe qui. J’irais jusqu’à dire qu’il n’est possible que dans la reconnaissance de soi en toute forme de vie. Et puis Gide apparaît, la tête à moitié coupée par le photographe. Gide à Port-Cros. Claire Paulhan raconte que Gide a fait tuer une couleuvre par Marcel Arland, qui avait écrit un article salé sur lui, en lui faisant croire que c’était une vipère. Pierre Buffet ajoute : « La littérature, c’est des anecdotes. »

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Diaporama Claire Paulhan

Il est 17 heures. Marche jusqu’au fort de l’Estissac. Panorama sublime. Subite envie de plonger. Retour la tête dans les chênes baignés de soleils. Un chat roux vient se frotter à nos jambes au détour d’un chemin caillouteux. La vue sur le village où les palmes dansent en recevant les derniers rayons de la journée, orangés. Baignade. Le vent s’est levé, la nuit est presque là — mais la piscine est chauffée. Je cours, pieds nus dans l’herbe, puis sur une terre sèche et tassée, pour regagner ma chambre. Mes pieds ressemblent à une tartine beurrée sur laquelle on a mis du cacao. Sur mon passage, l’âne inspire un « hi ». Je me retourne. Il me regarde, expire un « han ». Il est moins bruyant que les ânes que j’ai entendu braire jusqu’à présent. Ce n’est pas un cri — c’est un souffle qui transporte des syllabes avec une douceur étonnante. L’âne a parlé. Il y a des histoires d’ânes au Manoir. J’ai froid.

21 h 30. Dernier rendez-vous de la journée. Il y a une mouche. 

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Village

22 h. Lectures. Je vais faire des rêves de lézards attrapés au lasso et de poissons-discos — je n’ai pas tout compris, mais mon cerveau est soudain pris dans cette euphorie provoquée par la fatigue. Une dame s’endort, respire bruyamment, s’enfonce dans un des fauteuils à ressorts qui penchent avec le poids, et se réveillant brutalement, esquisse un air d’imperceptible satisfaction : ouf, personne ne m’a vue. Je suis amusée par cette absence qui l’a rendue présente à tous, mais dont elle ne saura jamais rien. Les écrits autour de Port-Cros se succèdent — contre toute attente, ils réveillent en moi une certaine fascination. La littérature colle à quelque chose. Elle adhère aux matières d’une île. Elle rassemble. Pour une fois, je suis forcée d’écouter, de lire grâce à la voix d’autres, une littérature souterraine pour l’époque. C’est une littérature qui parle d’arbres, de geicos transparents, de phasmes (« insectes-feuilles »), de couleurs, de ciel et d’eau qui donnent à Port-Cros « une sorte de jeunesse éternelle ». C’est vivant, amusant dans la touche éternellement candide du regard que l’on porte, même « adulte » et « spécialiste », sur les papillons. Pierre Buffet émet l’hypothèse d’un mimétisme port-crosien, qui ferait marcher avec le même boitement, ou déboité, Jean Paulhan et… Claude Eveno ? Je ne suis plus très sûre. Mais les deux, dit-ils, ont la démarche de la « personne en révolte ».

23 h. Récit du sanglier. Littérature bourgeoise ? Moqueries autour d’Anna Galvada. Je me dis qu’avec tous les carnets que j’ai, j’écris dans un calepin « Bonifay, matériaux de construction ». (Tout de même mieux que de destruction.)

7 octobre

Petit déjeuner au soleil. Le temps est sublime, le mistral est tombé et laisse place à une chaleur à la fois douce et étreignante — je regarde l’eau. Je ne vais pas pouvoir me tremper tout de suite. Du monde est arrivé, seconde livraison de ces journées littéraires. Il y a aussi de nombreux petits oiseaux. Des papillons qu’on laisse voler en paix. Les ânes au soleil. Ils viennent toujours déféquer au même endroit, tout contre la clôture, et de notre côté, comme pour ne pas entacher leur enclos, et que le tas grandisse chaque jour plus près de nous, humains. Ou bien ils savent que c’est le coin le plus ensoleillé, et que le fumier se fera plus vite. Il faut que je filme les oiseaux. Au loin, on parle soit de la météo, soit de patrimoine littéraire. Le chant des oiseaux parle bien autrement de la vie. Quelqu’un vient passer un appel à côté de moi : « Tu m’entends ? Ah oui.. non, attends…là. Tu m’as appelé en même temps que je t’ai appelé, c’est pour ça… je.. Ah oui. »

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Plage

Ce lieu a vraiment quelque chose du paradis : à la fois un lieu idéal et clos, d’où on ne peut plus revenir (jusqu’au prochain bateau). On appartient au « groupe » de Port-Cros le temps d’un week-end comme au groupe des morts prenant l’apéro sur un nuage. Sous d’autres cieux. Je me sens coincée et heureuse, captive et libre. Sur Port-Cros comme dans ma vie.

10 h 40. Claude Eveno. La façon d’être cinéaste en écrivant. Revoir Paris. « Cette putain d’obligation d’être avec les autres. » Il faut toujours que je retienne les phrases où il y a des gros mots. Cette façon qu’à la littérature de nous séduire en faisant croire qu’elle peut subvertir. « Me délivrer d’une vie morte. » « Un emplacement des rêves. » La présence d’une fenêtre au cœur du pessimisme, comme une vague d’espoir qu’on peut retenir d’un coup de volets. Et je revois Arthus-Bertrand gentiment décliner, ou plutôt habilement faire dériver l’offre d’une complaisance littéraire autour de son travail, du regard trop philosophique de Carassan comme on chercherait à défaire un compliment avec un sens de la dérision, comme on voudrait dire « si vous voulez, mais c’est plus simple que ça, et je n’y ai rien mis d’autre que l’existant » ou « si vous voulez, mais ce n’est pas moi qui décide de la beauté ».

11 h 30 « Ce qui m’intéressait, c’était le vivant. » Jean-Pierre Vesco est quelqu’un à qui ont a envie de dire « merci ». Jean-Pierre Vesco est une encyclopédie aux yeux bleus. Après avoir collectionné les coléoptères et papillons, il s’est mis à l’élevage (pour cet amour du vivant). Choix de l’horticulture : « Pas de plantes, pas de chenilles, pas d’élevage. » « Nous sommes trop nombreux sur terre pour sauvegarder la biodiversité en ne faisant rien. Pour préserver, il faut recréer. » Recréer quoi ? Des espaces ouverts, où pourraient pousser des végétations plus basses, où pourraient nicher des tortues, notamment. Mauvaise gestion des parcs nationaux en proposant de ne toucher à rien.

 

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Jean-Pierre Vesco
Jean-Pierre Vesco

13 h. Restau L’Anse, avec Valérie et Olivier. Mal reçus. Le tourisme fait des ravages partout où il prévaut dans sa version obligatoire, partout où il n’y a que lui. Le parc national a figé Port-cros dans un type d’intemporalité néfaste — celle du monopole commerçant. L’île serait si différente avec une boulangerie au feu de bois, un marché paysan, des emplacements de camping (bien) gérés comme dans les parcs nord-américains. Quelque chose, ici, en étant sauvegardé, et c’est un peu comme en littérature, se meurt. Quelque chose s’est rétréci, on est dans le cloaque d’un animal sauvage qui vous tolère, mais ne veut pas de vous. J’ai perdu de vie l’essentiel qu’est cette île : du vert, du bleu et des ocres. Des arbres, de la mer et du ciel, des sables et des pierres, de la terre et ses sangliers. Comme une parenthèse, le Manoir offre une pause à l’aridité de l’humain et du végétal. La pause est dans la plaine ouverte, les murets aménagés, les colonnes d’eucalyptus et le tapis de broyat sur lequel on marche en s’enfonçant. La pause est entre les museaux des deux ânes, avec qui nous échangeont des ponctuations.

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Port Cros, forêt

14 h 30. Départ pour la marche. Je finis par courir et plonger dans la mer. Nombreux poissons, de toutes tailles. La plage du Sud est la perfection. Reprise du sentier avec le groupe. Mont vinaigre. Où j’apprends ce qu’est un vinaigrier. La vue me rappelle les forêts immenses autour de Tofino. Mais la présence animale manque. Il n’y a plus grand-chose pour peupler nos horizons, seulement les forts comme des mémoires de guerre érigés, et je comprends qu’on ait besoin de remplir nos vies avec des mots. 

21 h. Deux lasers dans le ciel. Xavier et Henri, de l’observatoire du Pic des Fées, nous racontent les histoires que les hommes ont projetées sur les étoiles. Cela donne des formes, animales le plus souvent, et des récits de cruauté. Mais le ciel est voilé, et la lune se lève derrière la colline. Ce qui fait que je me tourne plutôt vers le Manoir qui, à cette heure, semble habité par des ombres.

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Eucalyptus

8 octobre

Marche jusqu’à Port Man. On nous ouvre la bibliothèque de Yann Arthus-Bertrand. Un univers de bande-dessinées face au grand large métallique. Le cadran solaire indique midi. Une chaise en bois flotté côtoie un romarin. La bibliothèque sent le pin. Je me sens chez moi.

Un pique-nique est organisé dans la maison des Cabbarus. Elle est bordée par des cannes (ou roseaux ?), dans lesquelles on a aménagé un chemin jusqu’à la mer. Baignage. On parle de la température de l’eau. Du déclin de la télévision — et de son remplacement par le web en termes de possibilités, d’ouverture. Des métiers du livre, et de ceux de la construction et de l’aménagement.

Il y a tellement de choses à retenir de ces rencontres que je ne retiens à peu près rien — que l’impression d’avoir été généreusement nourrie.

Je regagne le continent avec de nouveaux visages, du sel dans les cheveux, du sable dans les baskets et des papillons à la place des mots. J’ai déjà oublié tous les noms d’espèces d’arbres, de plantes, de fleurs et de chenilles, mais je garde l’odeur, complexe, des herbes frottées entres mes doigts, et l’image de ce bleu qui découpe les paysages à la guillotine, de cette mer qui décapite le ciel.

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Port Cros

C’est à ces rencontres littéraires que devrait ressembler tout colloque. À un mariage, sans formalités, entre le paysage et la lecture, la terre et les mots. Où l’on utilise ensemble son corps et son cerveau. Je repense au texte émouvant de Claude Eveno sur la disparition d’un monde et, à l’horizon, sa destruction. Mais l’émotion des hommes est là, comme un jeu ascensionnel, pour encenser le monde qu’elle fera pleurer. Tout est dans notre rapport à l’animal, dans nos sociétés. Et à la femme. Et à l’étranger. Tout vient de la difficulté, au risque de me répéter, qu’on a à se mettre dans la peau de l’autre. « Je ne suis personne » — me répond Patrick Kechichian quand je lui demande « Qui êtes-vous ? » — peut aussi bien vouloir dire je peux être n’importe qui.