La bibliothèque d'André Gide à Rouen
La bibliothèque municipale de Rouen, renommée Rouen Nouvelles Bibliothèques en 2009, conserve un fonds patrimonial d’une richesse exceptionnelle : manuscrits médiévaux des abbayes normandes, incunables, fonds littéraires d’auteurs normands dont celui de Flaubert, fonds de photographies anciennes, fonds musical, bibliothèques entières de généreux donateurs ou achetées en leur temps par la ville, etc. Le fonds patrimonial constitue une bibliothèque de référence sur la Normandie et Rouen en particulier. Tous les types de documents anciens y sont représentés : livres, estampes, dessins, photographies, manuscrits, objets de toute nature (par exemple, la montre de Flaubert, le pupitre d’enfant d’André Gide). Comme toute bibliothèque municipale, les fonds patrimoniaux de la ville de Rouen sont accessibles à qui mène des recherches, scientifiques ou autres.
Il était dans la logique des collections patrimoniales que la ville de Rouen fasse l’acquisition de la bibliothèque d’André Gide en 2010 : après Gustave Flaubert (1821-1880) et Guy de Maupassant (1850-1893), André Gide (1869-1951) assurait une continuité parmi les grands écrivains normands et le passage au XXe siècle. Normand par sa mère, ayant vécu une partie de sa vie dans divers endroits en Normandie (La Roque-Baignard, Cuverville, Rouen…), il peut être considéré comme un auteur normand à part entière malgré un nomadisme certain.
La bibliothèque est estimée à environ 5 000 volumes, et constitue le vestige d’une bibliothèque d’un écrivain qui a joué un rôle majeur en littérature tout au long de la première moitié du XXe siècle. C’est une bibliothèque d’usage, qui en conserve les traces dans l’état de certains livres, dans des documents de la vie quotidienne blottis entre les pages, dans les mots tracés sur les envois des auteurs à Gide. C’est aussi une bibliothèque de conservation des nombreux livres aux pages non coupées, et jamais lus, reçus en masse. On dit que Gide n’était pas bibliophile. L’étude de la bibliothèque et la lecture de son Journal montrent plusieurs périodes dans la gestion de sa bibliothèque : une bibliothèque entretenue et rangée au début, puis l’accumulation et le dépassement, et enfin l’abandon, presque une fuite. Il reste dans la bibliothèque quelques ouvrages de bibliophilie. Une partie a été vendue en 1925, lors de la fameuse vente aux enchères, puis ensuite à des collectionneurs. La bibliothèque conservée à Rouen n’est pas à l’image de celle qu’a connue Gide. Mais elle demeure assurément un témoin magnifique, dont l’étude peut apporter une somme de connaissances non seulement sur son possesseur, mais aussi sur la littérature de son temps.
Description de la bibliothèque d'André Gide
- 5 000 volumes environ
- Reflète les domaines d’intérêt de son possesseur
- Quelques ouvrages de son entourage familial ou autre : provenances multiples
- Bibliothèque d’usage et de conservation NRF
- Gide et sa bibliothèque, trois périodes identifiées : entretien et politique de reliure ; accumulation ; abandon
Une bibliothèque de qualité
- Nombreux envois d’écrivains
- Ouvrages truffés de documents variés
- Exemplaires numérotés, éditions de bibliophilie
- Exemplaires uniques : imprimés spécialement pour André Gide
- Reliures
- Exemplaires marqués « S.P. » : service de presse
- Nombreux livres non coupés, à l’état neuf
Les centres d’intérêt d’André Gide
- Littérature : éditions NRF, revues littéraires, collections littéraires, envois des écrivains de son temps, littérature anglaise, italienne, allemande, russe…
- Dictionnaires, ouvrages de référence sur la langue française
- Livres anciens des XVIIe et XVIIIe s.
- Histoire et histoire politique : histoire de France, communisme, colonialisme, Seconde Guerre mondiale…
- Musique et partitions musicales
- Beaux-arts
- Sciences : botanique, mathématiques
- Philosophie, religion, sociologie, sexualité
Provenance
- Madeleine : Les Plateaux de la balance / Hello, Ernest (Gidem-1176), contient une lettre autographe signée A Lechevallier adressée à « M. Rondeaux », non datée
- Sa mère, Juliette Rondeaux : Études de la nature / Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri (Gidem-580) ; ex-libris ms : « Juliette Rondeaux / le 8 avril 1850 »
- Anna Shakleton : Œuvres choisies / Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri (Gidem-578) ; « Donné à Juliette Rondeaux / par son amie toute dévouée / A. Shackleton / le 1er janvier 1851 »
- Catherine : Ma classe de sixième / Marcel Jouhandeau (Gidem-1278) ; envoi ms de l’auteur à « Jean et Catherine »
- Autres provenances : La Petite Dame (Gidem-1057), Heinrich Koch (Gidem-414)
- Quelques ouvrages empruntés et non rendus : M. Ferrarri (Gidem-809) : envoi de D. Melegari du Journal intime de Benjamin Constant
Présence de La NRF
- La revue : collection complète (cote : Gidem-1 à Gidem-4)
- Les séries et collections :
« Les Documents bleus » (cotes : Gidem-368, Gidem-369, Gidem-370),
« Une œuvre, un portrait » (cote: Gidem-371),
« Les Essais » (cote : Gidem-372),
« Nouvelle collection des Essais » (cote : Gidem-373),
« Les Contemporains vus de près » (cote : Gidem-374),
« Collection Métamorphoses » (cote : Gidem-375),
« Vies des hommes illustres » (cote : Gidem-376),
« Du monde entier » (cote : Gidem-377),
« Bibliothèque des idées » (cote : Gidem-378)
- Les éditions sur grand papier (cotes : Gidem-16 à Gidem-367)
Dans la littérature : les envois des auteurs
Les envois d'auteurs à Gide
- Des envois classiques et brefs :
- de la part d’auteurs proches (Jacques Rivière, Gidem-404) : « À André Gide, / son ami / Jacques Rivière »
- de la part d’auteurs d’études littéraires (Hélène Altszyler, Gidem-485) : « À M. André Gide / Respectueux hommages / de H. A. »
- de la part d’auteurs d’œuvres littéraires (Marcel Aymé, Gidem-478) : « À André Gide / en très sincère hommage / Marcel Aymé » - Des envois qui en disent plus :
- Claude Aveline, Gidem-460 : « Pour André Gide, / à qui je demande, non / de lire mes livres, mais / de croire à mon profond / attachement / Claude Aveline / nov. 31 ».
- Emmanuel d’Astier, Gidem-436 : « À André Gide / avec le regret que les rencontres / d’Alger n’aient pas eu leur / suite à Paris / et en témoignage d’admiration / Emmanuel d’Astier ».
- Roland Cailleux, Gidem-678 : « À André Gide, / à l’auteur des Faux-monnayeurs, /roman de celui qui en écrit un, / roman de celui qui en lit un, / avec admiration, mon attachement et / toute ma reconnaissance / R. Cailleux ».
- Gaston Criel, Gidem-837 : « À mon Maître André Gide, / avec l’enthousiasme et l’admiration / de son Gaston / Criel / 26/5/45 »
- Joë Bousquet (Gidem-661) : « À André Gide / que je comprenais de travers / que je devine, / avec toute mon inutile /affection / Joe Bousquet / Villalier 31 Juillet 1939 ».
Les envois professionnels
- Envoi de l’éditeur : « Avec les hommages / très respectueux et / admiratifs. [ms] / Madame Marcelle Lesage / Éditeur » (Gidem-390)
- Envoi du préfacier : « À Monsieur André Gide, / respectueux hommage du préfacier, / Gérard-Gailly » (Gidem-670)
- Envoi du traducteur : « À André Gide / traducteur de Shakespeare / admirateur des Grecs / cette traduction d’Eschyle / André Bonnard » (Gidem-626)
Une bibliothèque truffée de documents divers
- Des cartes de l’auteur (Gidem-409), de l’éditeur, du traducteur
- Des lettres manuscrites : provenances diverses (Gidem-499-3, Gidem-837)
- Des photographies (Gidem-413 (t. III))
- Des gravures (Gidem-732)
- Des factures
- Des textes ms et tapuscrits
- Des billets de train, métro, spectacle, car (Gidem-495)…
- Programme des fêtes du 14 Juillet (Gidem-899)
- Instructions au relieur (Gidem-834-1 et Gidem-834-2)
- Tracts de réclame pour les ouvrages (Gidem-446)
- Banderole (Gidem-585)
- Coupures de presse (Gidem-494-1)
- Carton d’invitation (Gidem-970)