Poétique de l'espace dans l'oeuvre d'André Gide

FCG

Pierre Masson publie Poétique de l’espace dans l’œuvre d’André Gide, dans la "Bibliothèque gidienne" des Classiques Garnier. 

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Gide a voyagé. Il a raconté ses voyages. Il a prêché le nomadisme comme un art de vivre. Après cela, que ses personnages soient également mobiles, quoi d’étonnant ? Pourtant, comme une lecture de son œuvre le révèle, pas plus que d’amour il n’y a chez Gide de voyage heureux ; ses personnages ne trouvent au bout de la route que doutes, déceptions, désillusions, sans avoir au moins la consolation d’un confort médiocre.

Il y a là une contradiction qui, si elle ne nous fait pas mettre en doute la sincérité des récits de voyage de Gide, de ses déclarations enthousiastes devant l’Italie ou l’Afrique du Nord, nous oblige à supposer que, pour lui, le voyage n’est pas tout entier exprimé par sa pratique. Tout n’est pas clair dans l’univers de Gide, et s’il nous faut plonger dans les eaux de son enfance pour trouver les racines de ce problème, ce n’est qu’à force de contempler les ramifications et les enchevêtrements qu’en développent les fictions, que nous pourrons comprendre le sens qu’il a voulu lui conférer. Disant l’échec du voyage, Gide s’efforce non seulement d’en réserver pour lui la paisible réussite, mais aussi de la prolonger, faisant en sorte que, d’un cheminement dans la poussière, elle devienne quête problématique, à la fois exploration de l’inavouable humain et nostalgie d’un indicible au-delà.