Prix des Archives 2025 : Gide entre droit et littérature
Chaque année, la Fondation Catherine Gide et la Fondation des Treilles attribuent le Prix des Archives à un projet de création ou de recherche imaginé à partir de leurs fonds d'archives. Cette année, le jury a choisi de récompenser le travail d'Ophélie Colomb sur les liens entre littérature et droit dans l'oeuvre de Gide. La lauréate séjournera au Domaine des Treilles au printemps prochain, pour travailler à une édition complète des Souvenirs de la Cour d'Assises de Gide, à partir des manuscrits préparatoires conservés par la Fondation Catherine Gide.
Autour du manuscrit préparatoire de Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide : des archives entre droit et littérature
Récit de l’expérience d’André Gide comme juré à la cour d’assises de Rouen en mai 1912, Souvenirs de la cour d’assises a fait l’objet de plusieurs études critiques à la fois par les littéraires et par les juristes et a été analysé de nombreuses fois à partir du cadre théorique du mouvement « Droit et Littérature ».. Néanmoins, aucun de ces travaux ne s’appuie sur les avant-textes de ce récit. Pourtant, le manuscrit préparatoire conservé aux Archives de la Fondation Catherine Gide mérite que l’on s’y intéresse. En effet, ces notes et ces brouillons témoignent à la fois de la maturation de l’œuvre et de la justice en train de se rendre. Ce faisant, cette archive inédite intéresse tout autant l’histoire littéraire que l’histoire de la justice.
Ce projet vise ainsi à combler un vide dans le panorama des éditions génétiques de l’œuvre de Gide en publiant les feuillets formant le manuscrit de Souvenirs de la cour d’assises ainsi que d’autres documents y attenant (notamment la correspondance de Gide avec l’un des accusés, les archives judiciaires de la session d’assises de 1912, etc.). En filigrane, ce projet invite à explorer les relations transtextuelles qui se nouent entre les archives gidiennes et les archives judiciaires.
Ophélie Colomb est docteure en histoire du droit, chargée d’enseignement vacataire à l’université de Bordeaux et chercheuse associée à l’Institut de Recherche Montesquieu (IRM/CAHD). Ses travaux s’inscrivent principalement dans le mouvement Droit et Littérature et visent à démontrer l’apport des sources littéraires à la connaissance des droits du passé. En parallèle, toujours dans une perspective interdisciplinaire, elle mène des recherches alliant histoire de la pensée juridique, histoire des droits des femmes et du genre. Elle est l’autrice d’une thèse soutenue en 2022 intitulée La justice chez André Gide et François Mauriac. De la morale ou prétoire (premier prix de thèse de l’École doctorale Droit 2023 de l’université de Bordeaux et mention spéciale ex æquo du prix de thèse de la Maison des Sciences de l’Homme de Bordeaux 2023-2024). Elle a publié divers articles en lien avec ces thèmes de recherches ; notamment sur André Gide et la justice ou encore sur Sarmiza Bilcescu, première femme ayant soutenu une thèse de droit en France.