Gide et ses lecteurs japonais aujourd'hui : trois entretiens

Ambre PHILIPPE

L’intérêt pour la littérature française faiblit dans le monde entier. Le Japon n’y échappe pas. Un des signes de cette disparition ? Celle de la librairie francophone Omeisha en 2022[1]. Il demeure cependant des poches pensantes, des lieux dans lesquels on continue à s’intéresser à la France, à sa langue et à sa culture — et à la littérature gidienne plus particulièrement. Parfois, ces lieux sont des personnes, comme des points à relier de part et d’autre d’une mégalopole. 

À Tokyo, je rencontre deux chercheurs ayant travaillé sur l’œuvre d’André Gide, Yukio Nishimura et Ryo Morii. Par courriel, j’échange également avec Akie Nishimura, qui enseigne à Shizuoka et a reçu l’année dernière le Prix d’encouragement Shibusawa-Claudel pour son livre Gide et le christianisme. Ils incarnent au Japon une recherche vivante, active bien qu’isolée, porteuse de projets malgré les difficultés qui existent aujourd’hui autour de l’enseignement, de la transmission d’une manière diverse, transverse, de voir le monde, de le palper, de le lire et de le partager. C’est à la fois dans le prolongement de la réflexion à plusieurs voix qui avait été menée dans le Carnet Gide sur le Japon, et dans celui du film-enquête sur les lecteurs de Gide dans le monde, que je décide de les interroger.

 

 

[1] Karyn Nishimura le relève dans son article pour Libération, « “L’âge d’or est passé”. Après le Covid, le crépuscule de la culture française au Japon » (25 janvier 2022), en ligne.